Alassane Ouattara, l’homme qui dit ses vérités aux Occidentaux. Un vrai brave. Le chef de l’Etat ivoirien a un caractère bien trempé comme il ne le montre pas. Il a le courage de ses opinions. Il l’a démontré le 15 juillet 2021 à Abidjan quand il interpelait publiquement le Fonds monétaire international (FMI) sur la nécessité d’une augmentation du plafond des déficits pour favoriser le financement des budgets.
C’est que ce jour-là, la Côte d’Ivoire et le Groupe de la Banque mondiale accueillaient une réunion de haut niveau, avec des dirigeants africains, pour souligner l’importance d’une 20ème reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA20).
«J’ai parlé avec la directrice générale du FMI. Les plafonds de déficits sont irréalistes. Il faut augmenter ces plafonds, comme en Europe. Je suis contre la volonté de maintenir le déficit à 5 % alors que l’Europe est à 8 % et les Etats-Unis à 9 %», martelait le président ivoirien. Une vérité que peu de présidents et chef d’Etat seraient prêts à dire sur la place publique. Une autre preuve qu’Alassane Ouattara ne mâche pas ses mots.
Le 7 septembre 2022, lors d’une conférence de presse avec son homologue polonais, Andrzej Duda en visite à Abidjan, il a appelé un chat un chat. La situation en Ukraine comme il l’a souligné est bien une invasion de la Russie. «(…) Je vous ai indiqué que la Côte d’Ivoire a apporté son soutien et son engagement à soutenir tous les efforts de la communauté internationale dans le cadre du dialogue en vue d’un retour rapide à la paix et à la confiance entre les deux voisins. Mais surtout à la reconnaissance des frontières de l’Ukraine après l’invasion russe dans ce pays. Alors je voudrais dire que nous sommes préoccupés par l’impact de la guerre en Ukraine sur les échanges internationaux et du taux de croissance de l’économie mondiale qui risque d’être en récession et en particulier les conséquences néfastes chez les pays africains. J’ai insisté pour dire que nous sommes conscients qu’il est important de respecter les frontières héritées depuis quelques décennies et que pour cela nous avons montré notre soutien à l’Ukraine dans son combat pour recouvrer ses frontières naturelles.
En même temps, nous considérons que cette guerre est bien sûr d’abord en Europe. J’ai déploré le fait que quand il s’agit des conflits en Afrique, que ce soit en Éthiopie, au Soudan, au Congo ou ailleurs, la communauté internationale n’apporte pas beaucoup d’attention aux meurtres, aux dégâts et aux assassinats à l’occasion de ces conflits. Donc tout en marquant notre solidarité pour le peuple ukrainien, nous demandons donc qu’une attention plus précise soit apportée également aux victimes des conflits en Afrique.»
De façon soft, Alassane Ouattara dit clairement ce qu’il pense. Comme quoi, il n’a pas usurpé le surnom que lui ont donné ses fervents supporters quand il était dans l’opposition : «Bravetchê». L’homme brave.
Bakayoko Youssouf