L’opposition ivoirienne estime que la politique sociale du régime en place est un échec. Pour étayer sa position, le PDCI-RDA a récemment souligné la chute de la Côte d’Ivoire dans le dernier rapport de l’Indice de Développement Humain (IDH), critiquant ainsi la gestion des affaires sociales par le gouvernement. Cependant, le rapport 2024 de l’Indice Ibrahim de la Gouvernance Africaine (IIAG), publié en octobre 2024, offre une perspective différente, mettant en lumière des progrès significatifs dans divers domaines, notamment la santé, l’éducation et la protection sociale.
Dans la bataille de communication qui oppose le parti au pouvoir à l’opposition à l’approche de la présidentielle de 2025, les rapports évaluant la politique sociale du gouvernement de 2011 à 2024 représentent un enjeu stratégique. Le dernier rapport, celui de la Fondation Mo Ibrahim, indique qu’entre 2014 et 2023, la Côte d’Ivoire a enregistré une progression de 8,1 points dans la catégorie du développement humain, gagnant ainsi 12 places parmi les 54 pays africains. La Côte d’Ivoire se classe désormais comme le 4e pays africain ayant connu la meilleure amélioration en termes de développement humain.
La Côte d’Ivoire se distingue également dans les sous-catégories du développement humain. Selon l’indice Mo Ibrahim, le pays a montré une nette amélioration dans des domaines tels que la santé (+4), l’éducation (+5,8), la protection sociale (+6,9) et l’environnement durable (+15,5). Ces avancées témoignent des efforts déployés par le gouvernement.
Deux Côte d’Ivoire
Ces résultats font pencher la balance en faveur des efforts fournis par le gouvernement ivoirien, en contraste avec les critiques de l’opposition, qui avait mis en avant le recul de la Côte d’Ivoire dans le classement de l’IDH. Sur la question du développement humain en Côte d’Ivoire, l’interprétation de ces deux rapports révèle des tendances opposées, donnant ainsi naissance à deux conceptions de la Côte d’Ivoire.
La première, soutenue par le parti au pouvoir, est celle d’une Côte d’Ivoire solidaire, marquée par des infrastructures scolaires, sanitaires et universitaires de référence, ainsi que par des recrutements significatifs d’enseignants et de professionnels de la santé, traduisant son engagement social.
La seconde, vue par l’opposition, est celle d’une Côte d’Ivoire où le parti au pouvoir a relégué les questions sociales au second plan, en privilégiant des indicateurs macroéconomiques qui, selon elle, n’ont pas d’impact réel sur le quotidien des Ivoiriens.
Un reflet véritable
Deux visions de la Côte d’Ivoire sont reflétées par ces deux rapports, mais, de toute évidence, un seul serait le véritable miroir.
À l’analyse, le rapport de l’IDH traduit effectivement, comme le soutient l’opposition, un recul de la Côte d’Ivoire avec un classement qui passe de la 159e place en 2021 à la 166e en 2022. Toutefois, cette interprétation est biaisée, car les données montrent une hausse de la note du pays, passant de 0,530 en 2021 à 0,534 en 2022. Le pays a donc connu une amélioration de son développement humain, sans pour autant voir son classement évoluer, à l’image d’un élève qui obtient une meilleure note d’un trimestre à l’autre, mais dont le rang baisse.
Ces données tendent à indiquer que la Côte d’Ivoire réelle, celle qui reflète au plus près les réalités des Ivoiriens, a connu, malgré de nombreux défis persistants, une nette amélioration de son développement humain.
Charles ASSAGBA