Laurent Gbagbo a choisi la chaine francophone, TV5 Monde, pour sortir de sa réserve après neuf ans de silence. Une interview très attendue dans laquelle l’ancien chef de l’Etat aborde l’actualité politique de son pays.
«Une négociation s’impose quand il y a une crise», propose avec insistance Laurent Gbagbo, lors de son interview exclusive diffusée ce jeudi 29 octobre 2020 sur TV Monde. Et cette discussion entre acteurs politiques qu’il appelle depuis Bruxelles, l’ancien chef de l’Etat l’espère ici et maintenant, alors que les Ivoiriens vont aux urnes pour la présidentielle ce samedi 31 octobre 2020. «Il est toujours temps de le faire. Il est toujours temps de le faire. Il est toujours temps de parler», persiste l’ancien chef de l’Etat. Pronostiquant une «catastrophe» pour son pays après le scrutin présidentiel.
Bien qu’il plaide pour un dialogue, Laurent Gbagbo prend clairement position pour l’opposition en accusant le Président Ouattara d’avoir ‘‘violer la Constitution’’ pour briguer ‘‘un troisième mandat’’. «Je voudrais dire aux Ivoiriens que dans ce combat qui se mène aujourd’hui autour du troisième mandat, je suis, moi Laurent Gbagbo, ancien prisonnier de la CPI, je suis résolument du côté de l’opposition», a-t-il lâché, sans surprise.
Cette interview a également eu le mérite de lever l’équivoque sur sa candidature à l’élection présidentielle de samedi prochain. Il assume désormais. C’est sous ses directives que ses dossiers avaient été déposés le 30 août dernier. Mettant ainsi fin à la polémique suscitée par son avocate Abiba Touré, qui, le 2 septembre dernier avait fait savoir que son client n’était pour rien dans ce projet. «Aucune instruction du Président Laurent Gbagbo n’a été donnée, c’est clairement une initiative de la plateforme EDS)», avait juré l’avocate. Laurent Gbagbo dénonce d’ailleurs le rejet de cette candidature par le Conseil constitutionnel. «Je trouve ça un peu enfantin. Dans un pays, ceux qui veulent être candidats doivent être candidats. On ne doit pas multiplier les obstacles sur la route des candidatures», dénonce-t-il.
Laurent Gbagbo a également affiché sa profonde réserve pour le passage du pouvoir à une nouvelle génération. «On ne règle pas les problèmes politiques comme ça. C’est anti-démocratique d’ailleurs de céder, de régler… J’entends souvent dire, or ces trois-là ( Lui Ouattara et Bédié ndlr), il faut qu’ils partent, il faut qu’ils quittent. Mais de Gaulle, il est resté combien de temps devant la scène politique ? De 1940 à 1969. Son départ de l’Élysée après la défaite du référendum qu’il avait initié. François Mitterrand il est resté combien de temps ? », défend l’ancien président ivoirien. L’interview dure, une trentaine de minutes.
Ousmane Ouattara