Pour son come-back de plain-pied dans les starting-blocks des élections, après des années de politique de la chaise vide, le Parti des peuple africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI) a été classé lanterne rouge au décompte final des municipales, régionales et sénatoriales. Un cuisant échec dans la foulée de laquelle, le numéro un du parti, l’ancien Président Laurent Gbagbo a opéré une redistribution des cartes à la tête de la chapelle politique. « C’est vrai que la récolte n’a pas été fameuse. Le Président voulait restructurer et insuffler une nouvelle dynamique afin que nous puissions faire face à de nouveaux défis, à de nouveaux challenges. On ne sort pas des élections sans tirer des leçons mais ce n’est pas exclusivement pour ça, parce que les gens qui ont été renommés ou ceux qui restent à la direction ont tous perdu les élections », souffle l’un des proches collaborateurs qui parle aux oreilles du Woody de Mama. L’une des leçons que le PPA-CI estime avoir appris à ses dépens est que briller par son absence aux élections est un suicide politique. « Nos absences lors des élections de ces dernières années nous ont joué de mauvais tours », reconnaît notre interlocuteur sous cape. Qui poursuit : « le Président a pris l’engagement, très ferme, de ne plus jamais manquer d’élection ».
Rétrograder
De l’œil d’observateurs de la classe politique, le jeu de chaise musical orchestré par l’ancien Chef d’Etat ivoirien aura été l’occasion de donner des galons à certains lieutenants et de rétrograder d’autres. Ainsi l’ancien Secrétaire général, Damana Pickass aurait été stoppé net dans son élan d’ascension au profit du beau frère de Laurent Gbagbo, Stephane Kipré, par ailleurs candidat malheureux à la présidence du conseil régional du Haut-Sassandra, en tandem avec Djedje Mady du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci). Une analyse dont la presse a fait ses choux gras certes, mais que notre informateur nie en bloc avec des tournures dignes du politiquement correct. « C’est une équipe, il n’y a pas d’intention de pousser ou positionner des hommes. Damana Pickass était Secrétaire général, aujourd’hui il est second vice-président du CSP, c’est un organe qui vient juste après la présidence. Certains disent qu’il a été rétrogradé, il n’en est rien. Stéphane Kipré est vice-président exécutif ce qui veut dire qu’il répond du président exécutif qui est Danon Djédjé. Chez nous la figure c’est le président ».
Bataille
Nouveaux défis. Tel a été l’un des axes charnières de l’argumentaire de notre source pour justifier ce remaniement. Des défis relativement auxquels, il lève un coin de voile. « Il y a la réintégration sur la liste électorale, la refonte de la CEI, l’implantation du parti. Ces élections nous ont prouvé que l’implantation n’a pas été bonne. La priorité pour le nouveau SG a été cela. Il y a par exemple la bataille d’Abidjan. Nous n’avons pas été les favoris et donc nous avons un vice-président chargé du district d’Abidjan. Katinan est chargée du programme économique, Lida est chargée du programme de société. L’adjoint du secrétaire général est Koua Justin pour donner une certaine dynamique parce que le secrétaire général est d’une certaine classe », indique notre interlocuteur.
Aux nombres des défis du parti figure en ligne de mire, le cap décisif de la présidentielle de 2025. Si le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) a jeté un pavé dans la marre en soulignant que son candidat naturel est le président Alassane Ouattara, le PPA-CI abonde dans le même sens. « Notre candidat naturel c’est Laurent Gbagbo, c’est pour tout ça qu’il faut régler le problème. Mais il a dit que la présidence ou sa candidature aux élections n’est pas une obsession, mais il est à la disposition du parti ». Sondée relativement à une éventuelle poursuite de l’attelage avec le Pdci, notre source bien introduite a joué la carte de la sincérité. « Ce n’est pas à exclure, c’est même souhaitable. Mais nous sommes dans le contexte des obsèques du président Bédié et il y aura l’élection d’un nouveau président, donc, le moment n’est pas opportun pour parler politique », poursuite notre informateur. L’autre face de la pièce des alliances politiques pour le PPA-CI, c’est de toute évidence, une réunification de la gauche ivoirienne avec notamment, Simone Gbagbo (MGC) et Charles Blé Goudé (Cojep). Une éventualité au sujet de laquelle notre source souffle le chaud et le froid. « Ce n’est pas à exclure. Tout ce qui peut être fait pour accéder démocratiquement au pouvoir sera considéré et aucune piste n’est à écarter », indique l’informateur. Bouclant la boucle, il éclaire les zones d’ombres sur le vivier de jeunes au PPA-CI, à même de prendre la relève dans le sillage de Tidjane Thiam, Jean Louis Billons etc… « On a plus d’une demi-douzaine. On a toujours taxé le PPA-CI d’être un parti intellectuel, je vais peut-être envoyer les CV des responsables du parti pour que vous ayez une idée. On a des hommes nécessaires pour remplir les cases ».
Charles Assagba