L’heure du retour au bercail a sonné pour l’ancien chef de l’Etat burkinabè, Blaise Compaoré. Par la voix de son porte-parole, le gouvernement burkinabè a annoncé, ce 6 juillet, la tenue d’une réunion, d’ici la fin de semaine, entre l’actuel numéro un de la junte, le Colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba et les anciens présidents dont Blaise Compaoré.
Blaise Compaoré retournera bientôt au Burkina Faso. L’information circulait dans les hautes sphères du pouvoir. Les médias internationaux en avaient fait leurs choux gras. Ce mercredi, c’est la voix par excellence de la junte au pouvoir, le Ministre de l’Education Nationale, Leonel Bilgo qui l’a officialisé au sortir du conseil des ministres. « D’ici la fin de la semaine, une importante rencontre entre les anciens chefs d’Etats du Burkina Faso sera organisée », a-t-il révélé aux journalistes. Relancé par les hommes du 4è pouvoir sur la présence effective de l’ancien président, Blaise Compaoré à ce tête-à-tête au sommet de l’Etat, le porte-parole apporte la réplique. « Cette venue est très probable et attendue par les anciens chefs d’Etats ». Les indicateurs sont donc au vert pour un retour de l’ancien patron de l’exécutif burkinabè, Blaise Compaoré au palais de Koulouba. Le come-back est imminent. Mieux, ce ne serait plus qu’une question de jours. Sondées, des sources proches de l’ex-président et la junte au pouvoir ne passent pas par 4 chemins pour confirmer la nouvelle. 8 ans après sa démission et son départ du pays des hommes intègres, suivi d’un exil en Côte d’Ivoire, le septuagénaire retournera bel et bien sur ses terres natales.
Une épée de Damoclès au-dessus de la tête de Compaoré. Dans le sillage de la récente rencontre de l’actuel homme fort du Burkina, Paul Henri-Sandaogo Damiba avec son prédécesseur, Roch Marc Christian Kaboré, le 21 juin 2022, le régime place cette rencontre sous un double sceau. La réconciliation nationale et la lutte contre le terrorisme. L’entrevue aura pour but « d’accélérer la question de la réconciliation nationale. Mais aussi de mutualiser les énergies et les synergies pour sauvegarder ce qu’il y a de plus précieux à nos yeux. C’est-à-dire, l’existence de notre terre, le Burkina Faso et la solidarité pour lutter efficacement contre la tragédie qui nous frappe mais aussi réduire les fractures internes », a précisé le porte-voix du gouvernement. Toutefois, le talon d’Achille de ce rendez-vous est d’ordre juridique. Condamné à la réclusion à perpétuité pour attentat à la sûreté de l’État et tentative d’assassinat de son prédécesseur, Thomas Sankara, le nouvel arrivant, Blaise Compaoré a maille à partir avec la justice Burkinabè. Une épée de Damoclès qui n’effarouche pas les conseils de l’ex-président. Au micro de Rfi, ils affirment « avoir confiance ». Assoiffés de justice pour la mémoire des siens, les plaignants n’arrivent pas à avaler la pilule. « Le régime putschiste se sert de l’alibi terroriste pour forcer une réconciliation amnésie », explique au média hexagonal, Maître Guy Hervé Kam, avocat de la partie civile. Il estime par ailleurs que ce retour « est un défi lancé à la justice ».
Retour temporaire ou définitif ? Signe d’une grâce présidentielle visant à exempter l’ancien président d’un passage par la case prison ? Les supputations vont bon train sur l’affaire. Donnant ainsi libre cours à différents échos sur ce retour consécutif à un si long exil. Parmi les grandes oreilles proches du dossiers contactés par Rfi, un informateur anonyme a lancé un pavé dans la marre. « Ce n’est pas une visite, c’est un retour définitif de l’ancien président Compaoré (…) C’est sa famille, et précisément sa sœur qui gère personnellement le dossier ». Rumeurs ou scoop ? Les jours à venir auront le dernier mot.
Charles Assagba