Dans moins de dix jours se teindra l’Assemblée générale élective de la jeunesse du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Le ministre Mamadou Touré, Président de cette Assemblée générale élective, attend 10 000 personnes. Un moment qu’il compare par ailleurs à l’élection en 2020 du Président de la République, Alassane Ouattara, dont la prestation de serment a eu lieu le 10 décembre de la même année. C’est aussi le 10 décembre prochain qui a été choisi pour investir le futur président des jeunes.
Redoutable
Alors que le dépôt des dossiers de candidature a pris fin ce jeudi 30 novembre 2023, on ne peut que s’interroger sur les véritables enjeux de cette élection. C’est la première au sein du Rhdp, depuis celle de Dah Sansan qui avait été élu en 2011 en tant que président des jeunes du Rassemblement des républicains (RDR), avant de conserver ce poste au sein du Rhdp. Depuis, le parti au pouvoir est devenue une redoutable machine bien huilée. Que ce soit lors de la présidentielle de 2015 ou pendant celle de 2020, l’importance du président des jeunes a quelque peu été reléguée au second plan.
Présidentielle
Il n’a plus son utilité d’homme de mobilisation qui faisait sa force. Pour le politologue Kuyo Landry, le parti au pouvoir a appris à mobiliser sur le terrain et peut tout à fait se passer d’un chef des jeunes. Ce n’est donc pas une qualité que les dirigeants attendront du nouveau président des jeunes qui sera élu. Ainsi, bien que Mamadou Touré a annoncé ce mercredi que le parti doit démontrer sa capacité de mobilisation et sa dimension de « grand parti » à travers sa jeunesse, en prélude à la présidentielle de 2025, l’homme sur qui le choix sera porté devra s’orienter vers d’autres objectifs, hélas. « Aujourd’hui, les jeunes attendent autre chose de leur président, au sein du Rhdp. Ils veulent une personne en qui ils puissent se projeter et qui soit capable de venir sur les plateaux télévisés pour mener âprement les débats ; quelqu’un qui a de la tenue et qui tienne des propos respectueux. Quelqu’un qui veut aller loin en politique. En gros, un homme qui a un profil semblable à celui du Chef de l’Etat Alassane Ouattara », note Landry Kuyo. Une personne qui serait un miroir pour les jeunes, d’après lui. Cet homme existe-t-il ?
Ecole
« Alassane Ouattara et le Rhdp constituent une véritable école. C’est pour cela que la jeunesse veut des gens qui en sortent à son image », ajoute-t-il. Parmi les dossiers déposés, des noms comme Philippe Kragbé émergent. Mais, reconnait le politologue, ce sont les moyens du parti qui feront du président des jeunes un leader charismatique ou pas ; une personne importante ou non. « Il faut donner plus d’envergure au poste de président des jeunes, parce qu’il a perdu ses lettres de noblesse. Le président des jeunes doit représenter réellement la capacité électorale de la jeunesse de Côte d’Ivoire. Il doit être un ambassadeur de l’offre politique adressée par le parti présidentiel, en Afrique», énumère le politologue.
Mais c’est impossible, selon un cadre Rhdp. Pour lui, le parti a déjà des structures qui font de l’ombre au président des jeunes du Rhdp. Difficile donc pour se dernier d’émerger. Les secrétaires nationaux, par exemple, chargés de faire la mobilisation sur le terrain. En l’occurrence, des cadres connus comme Karim Ouattara, font déjà bien le boulot. Sans oublier, d’après lui, le ministère de la Promotion de la jeunesse, de l’Insertion professionnelle et du service civique, qui a su rester aux côtés des jeunes depuis plusieurs années, grâce au travail remarquable effectué par Mamadou Touré. La campagne électorale s’est ouverte ce jeudi pour s’achever le jeudi 7 décembre à minuit. Au moment de choisir, le 9 décembre, les secrétaires nationaux devront garder à l’esprit que leur leader sera peut-être un simple exécutant, qui se contentera des opportunités d’emplois qu’il pourra offrir ici et là. A moins que…
Georges Dagou