Sous les flashs des objectifs des chasseurs d’images, le président de la Fédération ivoirienne de football (FIF), Idriss Diallo, himself prend la pose, tout sourire avec Maa Bio, une influenceuse ivoirienne, ce lundi 19 février, lors de la présentation du trophée de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) au siège d’Orange Côte d’Ivoire. Face à la camera, tout sourire, le patron de la FIF fait son ‘‘cool Raoul’’, un signe du pouce, de l’index et du majeur à l’horizontal symbole des 3 étoiles de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire. Sa voisine fait un geste ironique de la main droite, également à l’horizontale, c’est le symbole de ‘’la main fantôme’’. Une expression satirique utilisée sur les réseaux sociaux pour accompagner des vidéos dont les séquences diffusées mettent en scène, Idriss Diallo qui s’accapare, s’arc-boute sur la coupe et qui fait régulièrement un geste de la main pour demander à toute personne tenant le graal de le lui remettre. Si la séquence suscite un fou rire du principal concerné qui s’est écrié la « main » lorsque l’influenceuse fait le geste, cette mimique d’Idriss Diallo vis-à-vis du trophée de la CAN est symptomatique. Symptomatique de la valeur de ce trophée qui sauve les meubles, après une gestion souvent décriée de l’équipe nationale depuis son accession à la faitière du football ivoirien.
Le choix de Gasset
On s’en souvient : quasiment à l’unanimité, la presse sportive et le public n’avaient pas manqué d’exprimer leur désapprobation sur le choix de Jean-Louis Gasset, en guise de sélectionneur de l’équipe nationale. Ses résultats en dents de scie dans les clubs au sein desquels il aura exercé et son manque d’expérience sur le banc des équipes africaines avaient notamment été décriés. Des positions que le patron de la FIF avait balayées du revers de la main, en le nommant commandant du commando de l’équipe nationale pour remporter la CAN, présentant son CV comme celui du meilleur profil. Les résultats lui ont donné tort. L’équipe de Côte d’Ivoire d’ores et déjà battue par le Nigeria au second match, est laminée 4-0 par la Guinée Equatoriale. Il faut un miracle pour sauver les Eléphants de l’élimination. Toute la population ne voit qu’un seul coupable derrière ce désastre : Jean-Louis Gasset. Il est clair qu’il doit être licencié pour rendement insuffisant. Justement, c’est ce que la FIF affirme avoir fait. Sauf que Gasset dément et souligne avoir démissionné. Il y a une nuance de taille. La FIF n’avait-elle pas les moyens de virer Gasset, malgré ce cauchemar des matches des poules ? Passons. Le spectre d’une qualification de la Côte d’Ivoire plane et se confirmerait si le Maroc vient à bout de la Zambie. On se dit que toute fédération avisée se serait contentée de laisser le staff conduire l’équipe, après le départ de Gasset, et miser sur une reconstruction post-CAN. Pour une simple raison. Si la Côte d’Ivoire venait à se qualifier miraculeusement, aucun sélectionneur au monde ne peut remobiliser les troupes en si peu de temps pour affronter le Sénégal, fût-il Hervé Renard.
La bizarrerie Renard
Mais dans l’intermède du match Maroc-Zambie, la FIF prend attache avec la Fédération française de football (FFF) pour obtenir le prêt de l’entraineur de l’équipe féminine et ex-sélectionneur de la Côte d’Ivoire, Hervé Renard. Renard devait rester seulement dix jours moyennant selon des sources officieuses, des centaines de millions de francs CFA, comme contrat. Enorme ! Surréaliste ! Les qualifications manquent et la presse française est assez gentille pour ne pas descendre ce qui reste de la réputation de l’équipe ivoirienne, déjà à terre. En fin de compte, Faé Emerse n’a été qu’un choix par défaut. L’ex-second adjoint de Jean-Louis Gasset, le premier adjoint, Ghislain Printant ayant également fait ses valises, prend ainsi donc les commandes de l’équipe. Au départ, il n’est donc en rien l’enfant prodigue qui viendra sauver la Côte d’Ivoire, aux yeux de la FIF. Sous son leadership, en tandem avec un autre ancien international ivoirien, Guy Demel, les Eléphants remportent la CAN. Et voilà que plus personne n’est coupable de rien. Mais des problèmes ont bel et bien existé au sein de l’équipe nationale ; des mauvaises décisions ont été prises. Et tout cela pourrait ressurgir, si la victoire nous rend tous aveugle.
Le désamour avec le public
On l’a vu, à la faveur de la parade de l’équipe nationale soldée par la présentation du trophée, lorsque le speaker prononce le nom du président de la FIF, Idriss Diallo, en lieu et place des applaudissements auxquels ses prédécesseurs ont eu droit, le public répond par une huée. Lors de la cérémonie de présentation du trophée à l’Assemblée nationale, à en croire le storytelling d’un élu présent dans la salle, « certains députés souhaitaient qu’il présente ses excuses pour les incompréhensions survenues au cours de la compétition. Preuve que bon nombre d’Ivoiriens n’ont pas oublié les manquements observés avant et pendant le début de la CAN. Et personne ne veut que ces déboires ressurgissent, parce qu’occultés par le sacre et sans doute pardonnés.
Si certains ne sont pas en odeur de sainteté avec le numéro de la FIF, c’est peut-être en partie du fait de ses propos lors d’une interview qui auront manifestement semé la pomme de discorde. Interrogé sur une éventuelle démission en cas d’élimination des Eléphants, Idriss Diallo avait apporté une réplique dont la teneur suit : « Où est le rapport ? Est-ce que j’ai été élu pour la CAN ? Est-ce que dans mon mandat, j’ai dit que j’ai été élu pour la Coupe d’Afrique ? Je suis un manager, j’ai été élu sur un projet. (…) Mon rôle n’est pas bâti autour de la CAN ». Des propos qui n’ont pas été compris, parce que n’importe quel président de la FIF qui a la chance d’accueillir la CAN pendant son mandat voudrait forcement la remporter, surtout s’il en a les moyens.
Mais, c’est là toute l’ironie de la chose. Soudain, tout le monde y est pour quelque chose dans la victoire des Eléphants. Gasset estime que c’est grâce à lui que la Côte d’Ivoire est championne d’Afrique, parce que c’est lui qui appelé Sébastien Haller et Simon Adingra, malgré leurs blessures. Deux joueurs qui ont été décisifs avec les Pachydermes. Et la FIF, par la même occasion, souligne que le choix de Gasset n’était pas si mauvais que ça. Par ailleurs, en dépit des circonstances, Idriss Diallo aura été le premier point de contact entre Faé Emerse et la FIF. Même si Gasset est souvent coulé au pilori, n’est-ce pas grâce à lui que Faé est resté dans le staff ? Alors, faut-il aimer ou haïr Idriss Diallo ?
Charles Assagba