Covid-19 : Ce qui guette les Ivoiriens

par NORDSUD
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Sur une échelle de 1 à 10, à quel niveau se situe au juste la peur du coronavirus dans l’esprit des Ivoiriens ? Près d’un an après la découverte du premier cas de Covid-19 en Côte d’Ivoire, beaucoup d’Abidjanais ont décidé d’ignorer le virus, souvent à leur dépens. Conséquence ? Les cas de contaminations ne cessent de grimper.

Couvre-feu, confinement, fermeture des lieux de spectacles, etc. La résurgence des cas de coronavirus en Côte d’Ivoire a fait craindre aux Ivoiriens un durcissement drastique des mesures de lutte contre la pandémie, lors de la dernière réunion du Conseil national de sécurité (CNS) ce jeudi 21 janvier 2021.

Finalement, le CNS s’est limité à l’instauration d’un état d’urgence sanitaire, à la stricte application des mesures de répression en cas de non-respect des gestes barrières, à l’intensification du contrôle de l’obligation du port du masque, et à la révision du délai de validité du test Covid-19 pour l’entrée et la sortie en Côte d’Ivoire, qui passe de 7 à 5 jours. Un ouf, de soulagement ? Non, plutôt un avertissement.

Si l’Afrique de l’Ouest est plus au moins épargnée par le virus, la hausse du nombre de contaminations en Côte d’Ivoire et l’alerte sur de nouvelles souches du virus appellent à la prudence.  

La conseillère technique du ministre de la Santé et de l’hygiène publique, Dr Edith Clarisse Kouassy, a attribué l’augmentation du nombre de nouveaux cas de Covid-19, sur la période du 04 au 17 janvier 2021, aux fêtes, à l’arrivée de certains vacanciers venant d’Europe. Mais, c’est surtout le non-respect des mesures barrières qui revient.

Passagers

Pour épauler le gouvernement, les transporteurs viennent d’instaurer le port obligatoire des masques dans le transport public. Hélas, personne ne les écoute.

Ce vendredi, par exemple, sur le boulevard Latrille, où wôrô-wôrô (ndlr, véhicules de transport en commun) et taxi luttent la voie, la plupart des passagers ne portent pas de cache-nez. Certains chauffeurs en portent, ou le laissent sous le menton. Mais ils ne donnent aucune consigne à l’endroit des passagers. C’est aussi le cas sur plusieurs tronçons de la capitale économique : Route du zoo, Boulevard Mitterrand, Boulevard des Martyrs, etc.

«Il est difficile pour les chauffeurs d’exiger aux passagers le port obligatoire du masque. Certains chauffeurs nous disent clairement qu’ils n’ont pas d’ordre à recevoir de nous», explique Sinali Soro, le secrétaire à l’organisation de la Fédération nationale du syndicat des chauffeurs de Côte d’Ivoire (Fensci-CI).

La seule manière de faire respecter le port du masque dans le transport public, selon lui, c’est d’impliquer la police dans le contrôle.  «Si nous échouons à faire respecter cette mesure, le gouvernement décidera de réduire le nombre de passagers dans les véhicules de transport en commun, comme au début. Et le prix du transport augmentera », met-il en garde.

Marchés et commerces

Il n’y a pas que dans le transport qu’il faut s’inquiéter. D’après le porte-parole de la Police nationale, le commissaire principal Charlemagne Bleu, sur la période du 3 au 17 janvier dernier, ce sont au total 351 établissements qui ont été visités et contrôlés. Hélas, le respect des mesures barrières laissait à désirer. C’est plus ou moins le même constat dans certains lieux, comme les marchés et commerces.  

«Le problème, c’est la sensibilisation. Elle n’a pas encore été faite au niveau des commerçants. Nous avons besoin de cela pour que le respect des mesures barrières soit effectif», explique Doukouré Nafissatou, la présidente des commerçantes du marché d’Adjamé.


Au sein de la Fonction publique, les ministères et plusieurs administrations donnent l’exemple. Visiteurs, personnels doivent porter le masque, se laver les mains avec du gel, même si la distanciation physique n’est pas respectée.  «Certains peinent encore à appliquer la mesure. Surtout dans l’éducation nationale. De nombreuses écoles sont encore à la traîne», indique Pacôme Attaby, président de la Coalition des syndicats du secteur public de Côte d’Ivoire (Cssp-CI).

Dangereux

La raison de ces négligences ? «Les gens n’ont plus peur du virus, pourtant il est mortel», note Sinali Soro, le secrétaire à l’organisation de la Fensci-CI. D’après Doukouré Nafissatou, la psychose du début a disparu et fait croire que le virus n’est pas dangereux.

Pourtant, l’Organisation mondiale de santé (OMS) attire l’attention de l’Afrique sur la propagation rapide des nouvelles variantes du coronavirus.

Récemment, Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale pour l’Afrique de l’OMS, a expliqué que le nouveau variant 501Y.V2 qui circule en Afrique du Sud est aussi présent dans quatre autres pays : le Botswana, la Gambie, le Kenya et la Zambie et pourrait être présent dans d’autres pays. La Côte d’Ivoire n’est pas épargnée.

Pour les acteurs, en attendant la campagne de vaccination contre la Covid-19, il faut intensifier la sensibilisation et les contrôles de la police. Et, si possible, distribuer des masques gratuitement aux Ivoiriens.

Raphaël Tanoh

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