C’est l’arrêt de mort de la gare de transport du carrefour la vie. Ce vendredi, règne, un silence de cimetière à la gare de taxis communaux et de gbaka (véhicules de transport en commun) située à Cocody au Carrefour la Vie. L’espace de stationnement de clients des véhicules de transports en commun de cette artère phare du trafic routier de la commune de Cocody a en effet été déguerpie, ce 8 décembre 2023. En toile de fond de cette action, l’opération de libération des artères de la ville d’Abidjan en vue de parer la perle des lagunes de ses plus beaux atouts pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN).
Les passagers ne savent plus à quel saint se vouer
Fourmillant à l’accoutumée de passagers en quête de véhicules pour rallier leurs destinations et bruyante des égosillements des apprentis et chargeurs qui s’écrient à informer la clientèle de leurs itinéraires, c’est le calme ce vendredi. Ce déguerpissement a créé par ailleurs de significatifs désagréments. C’est du moins l’avis de Soumahoro Raymond président de l’Union des fédérations des syndicats chauffeurs de Cocody, joint par la rédaction. « Les passagers ne savent plus à quel saint se vouer. Ils sont obligés de marcher et de se diriger vers le lycée technique pour avoir les véhicules. Les chauffeurs également sont contraints de garer presque sur la route pour récupérer les clients. Ça crée encore plus de désordre ». Défenseur attitré des usagers qui transitent par cette gare pour rallier leurs destinations, le Président de la Fédération ivoirienne des consommateurs le réveil (FICR), Soumahoro Ben N’Fally, plaint leur sort. « C’est vraiment très pénalisant pour les populations. Nous espérons que la relocalisation sera effective au plus vite. Et que la nouvelle gare sera accessible et pas trop éloignée de l’ancienne pour ne pas que les usagers aient à marcher sur de longues distances pour accéder aux véhicules. De l’autre côté, c’est un vaste programme du gouvernement dans le cadre de la CAN pour l’image du pays. C’est une bonne initiative mais les usagers ne doivent pas en être les victimes », a-t-il répondu à Nordsud.info.
Une nouvelle gare au menu des discussions
A entendre le porte-parole des chauffeurs, le désordre urbain que les autorités tentent de réguler par cette opération risque de faire à la part belle à un autre désordre, l’incivisme routier avec des stationnements le long de la route des chauffeurs en quête de clients. Entre ces deux maux, le porte-étendard des groupements des chauffeurs propose son moindre mal. « Nous avons déjà proposé un nouvel endroit à proximité de la gare qui a été déguerpie pour nous reloger. Parce que les passagers sont habitués à prendre les véhicules ici, ce sera difficile pour eux de changer d’endroit. Nous ne pouvons pas faire de bras-de-fer avec l’Etat. Nous n’avions pas été informé du déguerpissement de ce vendredi et la gare de la vie est une gare reconnue par les autorités municipales de Cocody, ce n’est pas une gare anarchique. Mais si à cause de la CAN, il faut la délocaliser, nous aurions aimé être prévenus et recasé », indique Soumahoro Raymond . Poussant le bouchon plus loin, il embouche la trompette sur la situation de sa corporation dans cette période couperet. Il estime qu’entre les embouteillages qui s’annoncent monstres du fait du trafic routier qui se densifie à l’approche des fêtes de fin d’année et de la CAN, l’augmentation du prix du carburant sans omettre ces opérations de déguerpissements de gare, les chauffeurs sont entre le marteau et l’enclume. « Les fêtes de fin d’année et la fête du football qu’est la CAN risquent de ne pas être belles pour nous. Alors que nous sommes entrain de sensibiliser nos collègues pour contribuer à la réussite de la CAN, on a l’impression qu’un gouffre se creuse pour nous, les transporteurs ». Dans l’intermède d’une relocalisation de cette gare, les habitudes de transports des usagers des gbakas et woro-woros du carrefour de la vie seront déréglées.
Charles Assagba