Gestion des déguerpissements : un comité de plus ?

par NORDSUD
Publié: Dernière mise à jour le 60 vues

Quelques jours après la mise en place d’un comité de direction et de suivi des déguerpissements, on en sait un peu plus sur les populations qui seront concernées. Selon une source au ministère de la Construction, du logement et de l’urbanisme, le fonds séquestre créé pour dédommager les victimes de ces opérations de délogement, ne prendra en compte que les Abidjanais impactés par les projets publics et structurants. En revanche, poursuit notre interlocuteur, toutes les personnes dégagées dans le cadre de la lutte contre le désordre public, peuvent faire une croix sur cette aide.

Orsec

Créé sous la direction du Premier ministre, ce comité de direction et de suivi des déguerpissements, est composé du ministère de la Construction, du logement et de l’urbanisme ; du ministère de l’Intérieur et de la sécurité ; de celui de l’Equipement et de l’entretien routier; de la Santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle. Enfin, du ministère de la Cohésion nationale, de la solidarité et de la lutte contre la pauvreté.

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement met en place une telle organisation. Depuis 2012, avec le Plan organisation de secours (Orsec), chaque opération de déguerpissement a presque connu son lot de comités de suivi, avec à chaque fois des fortunes diverses. Mossikro, Banco, Abobo-Coulétcha, etc. Les quartiers qui ont bénéficié de ces aides, ont souvent été recolonisés. Car, les surveiller ou les valoriser revenait plus cher aux autorités que le déguerpissement lui-même. Et lorsqu’on arrivait à éviter la recolonisation des sites, les populations trouvaient le moyen de se déporter vers de nouveaux lieux à risques, faute d’endroits appropriés où se recaser. Bref, ce sont ainsi des milliards FCFA qui ont été jetés par la fenêtre, pour des problèmes non résolus.

Viabilisation des quartiers précaires

Pour mener à bien de telles actions, il aurait fallu achever ou entamer la viabilisation des quartiers précaires tant annoncée. Qui devra être couplée à la politique des logements sociaux. Deux projets jugés indispensables pour un relogement sain des Abidjanais. Or, on en est encore loin. C’est l’une des raisons qui expliquent d’ailleurs le foisonnement des sites dangereux au fil des ans.

Au-début de sa campagne de déguerpissement, le District autonome d’Abidjan a annoncé plus de 170 zones à risques dans son collimateur. Un chiffre plus élevé qu’il y a dix ans. Et ce, malgré les opérations de démolitions et de dédommagements, année après année.

Il est donc légitime, aujourd’hui, de se demander en quoi ce comité de direction et de suivi mis en place sera-t-il différent des précédents ? A-t-on réglé la question du recasement des habitants ? Les frais de dédommagement seront-ils une fois de plus des forfais octroyés aux familles? Qu’est-il prévu pour l’embellissement des sites dégagés? Autant de questions dont les réponses conditionneront forcement la réussite de ce plan post-déguerpissement.

Georges Dagou

Articles similaires

Laissez un commentaire

* En utilisant ce formulaire, vous acceptez le stockage et le traitement de vos données par ce site Web.

Le site Web nordsud utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite