Ibrahim Konaté: « Un entrepreneur est un rêveur »

par NORDSUD
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Le prix d’excellence du meilleure jeune entrepreneur ivoirien en 2016, grand lauréat du prix Anzisha du meilleur jeune entrepreneur d’Afrique en 2017 et fondateur de l’entreprise Volaille d’or, livre son expérience.

Pourquoi avez-vous décidé d’entreprendre dans le secteur de l’élevage ?
J’ai suivi un reportage à la télévision qui disait que la Côte d’Ivoire importait énormément de volailles et qui montrait par contre un éleveur qui disait vivre de son métier d’éleveur. Face à un taux de chômage grandissant et venant d’obtenir le baccalauréat en 2013, je me suis dit pourquoi ne pas entreprendre dans ce domaine.

Donc j’ai commencé à m’informer et à me former dans le domaine de l’élevage.
Initialement ce n’était pas mon métier de base car j’ai fait la cabine téléphonique, j’ai vendu des ignames, etc.
Je n’ai pas attendu de financement avant de me lancer. Il me fallait 2 millions FCFA pour démarrer. Il était impossible pour moi d’avoir cette somme. Mais dans mes recherches, voici que j’apprends qu’on peut avoir un carton de poussin à 22 500 Fcfa en ce temps, et trois sacs d’aliment qui allait me coûter 40 000 F environ. Ce qui faisait un total de 60 000 F. Alors j’ai décidé de commencer avec cette somme. Et j’ai commencé à travailler gratuitement pour des gens pendant 3 mois en apprenant les normes sur Internet, et les choses ont commencé à aller progressivement.


Comment vos débuts ont-ils commencé ?
J’ai démarré réellement en 2013 et j’ai commencé à réaliser mes premiers bénéfices en 2015. Donc 2 ans dans la souffrance. J’ai commencé à embaucher du personnel. Pour Anzisha Price, j’ai postulé en ligne et j’ai reçu plusieurs coups de fil pour comprendre mon business. Après avoir été sélectionné pour les demi-finales, j’ai reçu la visite d’un groupe d’experts venus de Johannesbourg en Afrique du Sud pour voir ce que je faisais. Et après, j’ai été choisi pour participer à la finale à Johannesbourg.

Comment arrivez-vous à vous procurer les produits alimentaires ?
Hormis les œufs à couveuses qui viennent de l’extérieur, 90% de nos produits sont trouvés ici en Côte d’Ivoire. Que ce soit le maïs, le soja ou l’huile rouge, tous ces produits sont achetés ici. Nous avons nos
propres fermes et nous accompagnons des fermiers pour la production et avons des points de distribution sur lesquels nous formons et distribuons nos produits. Nous n’avons plus de service vétérinaire mais nous recevons la visite des services vétérinaires du ministère des Ressources animales et halieutiques. Mais également nous avons mis en place des process de gestion et ils sont basés sur des normes sanitaires qui permettent un bon fonctionnement de l’entreprise.


Bénéficiez-vous d’un soutien de l’Etat ivoirien ?
Nous ne sommes pas soutenus financièrement par l’Etat ivoirien, mais en 2016, nous avons obtenu le prix d’excellence du meilleur jeune entrepreneur. Nous avons reçu pour cela, 10 millions FCfa. Voilà pourquoi j’ai créé la ligue des jeunes entrepreneurs afin de négocier avec l’Etat quand on sait que de grosses structures étrangères viennent investir et sont exonérées d’impôts pendant des années. Pourquoi pas nous? Nous contribuons à l’essor du pays en créant de l’emploi et contribuant au PIB. Donc les entreprises naissantes que nous sommes avons besoin de moyens et si l’Etat ne nous aide pas financièrement, il devrait nous taxer moins pour notre survie, car nous participons à la réduction du taux de chômage en Côte d’Ivoire.

Quelle a été votre plus grande difficulté ?
J’ai échoué sept fois. Et ma plus grande difficulté, c’est lorsque j’ai voyagé pour participer au Anzisha Price en 2017 à Johannesburg, le gouvernement ne m’a pas soutenu. Pourtant j’étais le seul représentant de la Côte d’Ivoire à cette compétition. Et j’ai obtenu le prix du meilleur jeune entrepreneur africain devant un pays comme le Nigeria. Et lorsque je suis parti, mon entreprise n’était pas prête à tourner sans moi. Et pendant qu’on célébrait le meilleur jeune entrepreneur africain, son entreprise était en train de couler. Et ça a été la plus grande difficulté, et en même temps la plus enrichissante. Mais j’ai su me relever progressivement. Donc c’était un retour à zéro. À cause de la Covid-19, on a perdu également beaucoup d’argent. Mais nous n’avons licencié personne sur les 30 employés que nous avons. Malgré la pandémie, on payait les factures même si on avait moins de commandes. C’était difficile mais on a pu rebondir.


À 25 ans, vous êtes considéré comme un modèle de réussite pour les jeunes. Quels conseils pouvez-vous leur donner ?
Pour entreprendre, il y a trois choses. D’abord la vision, c’est-à-dire savoir où vous voulez aller dans votre domaine, qui est le leader du domaine et aspirer à devenir leader. Vous ferez votre étude de marché en fonction, vous mettrez vos produits et services en tenant compte de la rude concurrence avec les grandes marques, etc. Ensuite, il faut être persévérant. Aucun échec ne doit pouvoir vous arrêter. Être
capable de se relever quelle que soit la difficulté. Un entrepreneur est un rêveur et celui qui rêve est seul avec son rêve. Ne pas avoir peur de revenir à zéro car c’est normal en entreprenariat. On n’entreprend pas pour avoir de l’argent, mais pour vivre nos rêves. Et enfin, il faut avoir la foi en ce que tu entreprends. Certains ne le disent pas mais la foi est l’un des piliers de l’entreprenariat parce que les invocations et prières vous permettent de résister au stress et d’accepter les difficultés.

Entretien réalisé par Prince Khalil

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