João Lourenço : Un « champion de la paix » aux manettes de l’UA

par nordsud.info
Publié: Dernière mise à jour le 65 vues

À la tête de l’Union africaine pour un an, João Lourenço hérite de deux défis majeurs: ramener la paix en République Démocratique du Congo, où il a déjà joué un rôle de médiateur, et accélérer l’intégration économique du continent, notamment à travers la ZLECAF. Son expérience diplomatique et son approche pragmatique suffiront-elles à imposer son leadership sur ces dossiers brûlants ? Entre crise sécuritaire et ambitions économiques, le président angolais devra prouver que l’Union africaine peut encore peser dans le destin du continent.

L’élection de João Lourenço à la présidence tournante de l’Union africaine intervient dans un contexte de crise majeure en République Démocratique du Congo. Depuis 2022, le président angolais a tenté d’endosser un rôle de médiateur dans la guerre qui ravage l’Est du pays, où les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, affrontent l’armée congolaise et les forces régionales déployées en renfort. Malgré ses efforts, la chute de Goma et la progression du M23 jusqu’à Bukavu ont montré les limites des négociations engagées sous son égide. Pourtant, João Lourenço reste l’un des rares chefs d’État africains à avoir maintenu un dialogue constant avec toutes les parties : Kinshasa, Kigali et les puissances régionales impliquées. Son approche pragmatique et son expérience militaire font de lui un atout pour l’UA dans ce dossier hautement sensible. Dans son discours d’investiture, il a réaffirmé sa priorité de pacification du Congo, appelant à un renforcement des efforts diplomatiques et à une solution africaine à un conflit qui menace de s’internationaliser. Avec une Afrique du Sud qui envoie des troupes, un Burundi engagé militairement et un Rwanda inflexible, la RDC est une poudrière qui nécessite un leadership fort au sein de l’UA. Lourenço pourrait-il imposer son autorité et éviter une conflagration régionale ?

Zlecaf : une nouvelle impulsion sous Lourenço ?

Si la paix est une priorité, le développement économique sera l’autre grand défi du mandat de João Lourenço à la tête de l’UA. L’Angolais a mis en avant les infrastructures comme moteur d’intégration continentale, citant notamment le corridor de Lobito et les chemins de fer tanzaniens comme axes stratégiques de la Zone de libre-échange continentale africaine. La ZLECAF, projet ambitieux censé favoriser la libre circulation des biens et des personnes, peine encore à se concrétiser dans plusieurs régions du continent. Lourenço, en axant son mandat sur les réseaux ferroviaires, routiers et portuaires, veut en faire une réalité tangible. Il a également insisté sur la nécessité de mobiliser des financements internes, afin de réduire la dépendance de l’UA aux bailleurs internationaux. Mais le président angolais pourrait-il réellement accélérer l’intégration économique africaine en seulement un an ? Si son influence politique et économique est incontestable en Afrique australe, son défi sera de convaincre l’ensemble des chefs d’État africains d’adopter une vision commune, dans un contexte où les égoïsmes nationaux freinent encore l’élan panafricain. João Lourenço a donc deux fronts ouverts : imposer la diplomatie angolaise pour ramener la paix en RDC et impulser un véritable changement économique via la ZLECAF. Sa présidence de l’UA sera un test grandeur nature pour son leadership africain et pour la crédibilité même de l’Union africaine sur la scène internationale.

Armand BLEDOU

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