Laurent Gbagbo, deux semaines après son retour: Toujours le couteau entre les dents

par NORDSUD
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Placé sous le signe de la réconciliation et de l’ouverture d’une nouvelle ère, le retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo le 17 juin 2021 devrait impacter le paysage politique ivoirien. Mais de son premier discours dans son ancien quartier général de campagne de 2010 à la Riviera-Attoban, à sa déclaration ce dimanche 28 juin 2021 à Mama, son village natal, l’ancien président ne semble pas encore pris cette direction. Il est même très loin de s’inscrire dans une logique d’apaisement.

Parce qu’il a été définitivement acquitté en mars 2021 par la Cour pénale internationale (CPI) pour les accusations de crimes contre l’humanité qui pesaient contre lui, Laurent Gbagbo nargue les parents des 3000 victimes de la crise postélectorale de 2010-2011. Pas un signe d’apathie. La CPI l’a certes blanchi pour faute de preuves matérielles, mais sa responsabilité reste engagée dans les violences consécutives à son refus de céder le pouvoir après sa défaite dans les urnes face à son challenger Alassane Ouattara. Ce qu’il affiche, c’est un mépris souverain pour les victimes. Il a déclaré, dans le document de France 24 diffusé cette semaine, qu’il n’avait «rien» pour les victimes : Pas un mot, pas une larme, pas une émotion pour compenser les tourments. Ne serait-ce que faire acte de contrition parce qu’après tout, ce sont des Ivoiriens qui ont été tués, majoritairement. La position de l’ex-prisonnier de la CPI de ne pas demander pardon se justifie par le fait qu’il continue de croire que c’est lui qui a remporté la présidentielle de 2010.

Il réitère à nouveau la rhétorique du complot ourdi de l’extérieur pour l’écarter du pouvoir. Signe que Laurent Gbagbo est revenu au pays revanchard, il n’exclut pas de se porter candidat à l’élection présidentielle prévue en octobre 2025. Là où des analystes politiques avaient prédit que le retour de l’ancien chef de l’Etat ivoirien inaugurerait une nouvelle ère dans les affaires politiques du pays.

Laurent Gbagbo, en tous les cas, ne parle pas encore de réconciliation : Ni dans sa famille biologique, ni dans sa famille politique, le Front populaire ivoirien, encore moins à l’adresse de la Côte d’Ivoire.

Laurent Gbagbo n’est occupé à parler qu’à son seul camp. Et à peaufiner sa vengeance après sa défaite électorale de 2010.

Quel est son agenda politique ? Comment entrevoit-il son alliance actuelle avec le Pdci d’Henri Konan Bédié ? Va-t-il ou non reprendre les rênes de son parti, fortement divisé depuis sa détention ? Compte-t-il, comme certains le présument, porter sur les fonts baptismaux une nouvelle coalition autour d’Ensemble pour le développement et la solidarité (EDS) avec la kyrielle de partis satellites ? Autant de questions qui restent pour le moment sans réponse. Le couteau entre les dents, Laurent Gbagbo est occupé à chercher à régler ses comptes, tous ses comptes, rien que ses comptes.

Bakayoko Youssouf

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