Légalisation du viol au Bénin: Haro de la société civile et les religieux

par NORDSUD
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Dorénavant au Bénin, les femmes enceintes entre 0 et 3 mois ont légalement la possibilité d’avorter. La légalisation de l’interruption volontaire de la grossesse (IVG) a en effet été votée au parlement dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 octobre. «L’acte qui est posé doit être perçu comme une mesure de santé publique dont l’unique objectif est de sauver des vies humaines », a expliqué le ministre de la Santé.

Avec l’aval de la femme enceinte, l’avortement « peut être autorisée » jusqu’à douze semaines « lorsque la grossesse est susceptible d’aggraver ou d’occasionner une situation de détresse matérielle, éducationnelle, professionnelle ou morale », souligne la nouvelle disposition légale en vigueur dans la loi relative à la santé sexuelle et la reproduction au Bénin.

Le projet de loi porté par le gouvernement a été in fine adopté à l’unanimité des parlementaires de la chambre basse de l’hémicycle. Après une suspension de la plénière suite au débat houleux qui faisait monter le mercure, le président de l’assemblée nationale, Louis Vlavonou et les autres députés d’emblée farouchement opposés à la légalisation de l’avortement ont retourné leurs vestes. Une tournée casaque qui a permis la validation sans fard de la loi.

Pour le ministre béninois de la Santé, Benjamin Hounkpatin, ce nouveau dispositif légal arrive à point nommé pour apporter une panacée aux femmes qui tentaient au péril de leurs vies des avortements en catimini par des méthodes destructrices. « Cette mesure vient soulager les peines de nombreuses femmes qui, face à la détresse d’une grossesse non désirée, se trouvent obligées de mettre leur vie en jeu par des pratiques d’interruption de grossesse dans des conditions non sécurisées », a souligné le premier responsable de la santé des béninois lors d’un point presse. Jouant la carte de l’explication, le ministre s’est érigé en défenseur de cette loi censé éviter les conséquences désastreuses des avortements clandestins.

Dans le pays, plus de 200 décès sont enregistrés relativement aux avortements illégaux. « Plusieurs familles continuent de pleurer la perte d’un enfant, d’une épouse, d’une mère partie tragiquement à la suite d’un avortement compliqué. Ces blessures sont irréparables. Pourtant on peut bien éviter ce drame qui se joue sous nos yeux », explique-t-il.

La pilule ne passe pas chez un pan de la société béninoise portée en l’occurrence par la Conférence épiscopale du Bénin. Dans la droite ligne d’une levée de bois vert, les religieux ont qualifié la légalisation de l’avortement d’apologie de ‘’ la culture de la mort’’. ‘’ Il y a des alternatives sûres et fiables pour remédier aux maux que l’on entend solutionner par la légalisation de l’avortement’’, a fait savoir le porte-parole de la Conférence épiscopale du Bénin, Mgr Eugène Cyrille Houndékon.

En Afrique, seuls : la Tunisie, la Guinée-Bissau, l’Afrique du Sud, le Maroc et la République Démocratique du Congo ont légalisé l’avortement.

Charles Assagba

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