Législatives 2021 : Les inquiétudes des députés Pdci

par NORDSUD
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Le Pdci a tout fait pour tenir certains électeurs loin des bureaux de vote. Aujourd’hui ses députés sortants ne savent pas comment exhorter leurs électeurs abstentionnistes à se mobiliser le 6 mars 2021 pour l’emporter face aux autres candidats.

Trouver la formule magique pour faire sortir les électeurs le 6 mars 2021. C’est ce plafond de verre que comptent briser les candidats du Pdci et députés sortants présents dans les 140 duels pour les législatives à venir. La campagne législative va s’ouvrir du 26 février au 4 mars 2021. Mais il se trouve que depuis le début du processus électoral en octobre 2020, le président Henri Konan Bédié, en lançant le 20 septembre 2020 la désobéissance civile et le 15 octobre 2020 le boycott actif de l’élection, a contribué à démobiliser les militants. Ce qui devrait être une formalité dans leurs bastions du Gbêkê ou le Bélier va devenir une sinécure. La réélection pour beaucoup de députés sortants, candidats à leur propre succession, n’est pas donnée. Même sous le couvert de l’anonymat, ils expriment leur inquiétude devant la démobilisation de leurs électeurs par la désobéissance civile et toute la violence qui s’en est suivie. Chauffés à blanc et tenus à l’écart du processus électoral, les électeurs se sont radicalisés. La démobilisation a donc été construite. Comme ligne de conduite, ils ont boudé la présidentielle d’octobre 2020 qui a vu la réélection du Président Alassane Ouattara.


«Nos leaders pronostiquent la victoire pour les législatives à venir mais il faut d’abord que nos électeurs sortent pour aller voter», lance un député sortant Pdci, récemment lors d’un échange.
«Si notre électorat se mobilise, il n’y aura pas de députés Rhdp ici», ajoute notre contact.
«Ça craint quand même car, lors de la présidentielle, le vote Pdci n’a pas eu lieu. On a mis à l’oreille de nos militants que le processus n’était pas juste, qu’il était illégal. Notre difficulté aujourd’hui avec le changement de mot d’ordre est que nos militants croient que la lutte a été bradée. Il faudrait que les électeurs ne boudent pas les législatives, sinon le résultat ne sera pas fameux», estime-t-il.
Appels téléphoniques, porte-à-porte, actions terrain: la «démarche est d’aller voir les nôtres pour leur expliquer les enjeux de ces législatives», fait remarquer un autre candidat, qui affronte un haut calibre du Rhdp dans sa circonscription. «Les électeurs Pdci, ce sont les premiers à qui je m’adresse et à qui je vais parler sur le terrain», confirme un député Pdci sortant qui ne compte pas trop sur l’alliance qui lie son parti à Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS) de Laurent Gbagbo.


Réserves de voix ?
La première réserve de voix chez les électeurs Pdcéistes qui se sont abstenus lors de la présidentielle d’octobre 2020, se trouve dans les zones de Bouaké, Yamoussoukro, Daoukro, le N’Zi, Dimbokro. C’est là un vivier de suffrages pour le Pdci. Et bien malheureusement, c’est dans ces parties du pays que les élus sortants du Pdci essaient avec beaucoup de difficultés d’expliquer le changement brusque de cap. Les bases sont dans l’incompréhension de la stratégie d’alliance avec EDS, proche de Laurent Gbagbo. Comme en témoignent nos sources, les militants leur demandent généralement avec lequel des FPI le Pdci est ami. Parce que la mise en harmonie du Pdci avec les 2 FPI fractionnés s’avère un exercice périlleux.
Du coup, certains parmi les élus se posent des questions. Même si pour quelques-uns, le jeu est pourtant clair avec le FPI.
«Nous pensons la même chose sur la plupart des sujets» lâche un cadre sous le couvert de l’anonymat. «Il n’y a pas l’épaisseur d’un papier à cigarette entre le projet politique du FPI et le nôtre», dit également un autre.
Sans pour autant citer les sujets de société qui font l’objet d’une convergence de vues entre les néo-alliés.
Certains hauts cadres du Pdci étaient restés inquiets du virage à 180° de leur parti sur plusieurs sujets et principalement la mise sur pied d’un Comité national de transition (CNT). Jean Louis Billon, secrétaire exécutif adjoint chargé de la communication et de la propagande du Pdci, Alphons Djédjé Mady, Thierry Tanoh et Yasmina Ouégnin, les députés du groupe parlementaire Pdci, s’étaient murés dans un silence total.
L’enjeu des élections législatives est trop important pour le Pdci, qui aura du mal à conserver les quelque 70 sièges détenus dans l’hémicycle sortant. Ce qui serait un recul pour le plus vieux parti politique du pays.

Bakayoko Youssouf

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