En Côte d’Ivoire, l’arène politique se recompose… tout en se reconstituant. L’élection présidentielle du 31 octobre dernier et le probable retour de Laurent Gbagbo sur les bords de la lagune Ebrié remettent au centre du jeu politique les trois têtes fortes connues du marigot ivoirien depuis trois décennies : Alassane Ouattara pour le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), Henri Konan Bédié pour le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) et Laurent Gbagbo, le président fondateur du Front populaire ivoirien (FPI).
L’absence de ce dernier avait mis Pascal Affi N’Guessan au-devant de la scène politique, en sa qualité de président légal du FPI. Aujourd’hui en prison, celui qui s’était fait élire, député et président du Conseil régional du Moronou est désormais privé de tout moyen de disputer la tête du parti avec son ancien mentor. Et ce dernier, qui vient de recevoir ses passeports, ne semble pas préoccupé par le sort de son tout premier Premier ministre aux prises avec la justice ivoirienne.
Les autres grands perdants de cet immobilisme de l’arène politique sont, sans nulle doute, les présidents de Générations et peuples solidaires (GPS), de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (Udpci)… et tous ces jeunes loups qui ambitionnaient de prendre la relève. Guillaume Soro et Albert Mabri Toikeusse, tous deux exilés, ne sont plus assurés de maintenir leurs strapontins de députés. Le premier cité, déchu de ses droits politiques et sous le coup d’un mandat d’arrêt, est désormais contraint de regarder de loin les prochaines élections locales sans pouvoir y prendre part. Albert Mabri Toikeusse, lui, se voit également réduit à ce même triste sort, depuis son exil ghanéen… «Seul un accord politique peut permettre de les remettre dans le jeu politique. Mais cette probabilité est très faible», confie un cadre du parti présidentiel, le Rhdp.
Leur grand allié, Henri Konan Bédié, à qui le Président Alassane Ouattara propose un dialogue direct affiche quelque résistance. Conditionnant tout à la libération de prisonniers et la cessation des poursuites judiciaires contre ces derniers… Avec les élections législatives qui pointent à l’horizon, le sphinx de Daoukro doit également se faire des soucis. En effet, un boycott de l’échéance, comme il le projette, selon nos sources, pourrait coûter cher à l’ancien parti unique. Le quinquennat qui s’ouvre réserve des surprises…
Ousmane Ouattara