Dans le cadre de sa visite ce dimanche à Bonoua, le Président du Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI), a encore dégainé. Sauf que cette fois-ci, Laurent Gbagbo a tiré sur tout le monde. À ceux qui veulent faire alliance avec le PPA-CI, l’ex-Chef de l’Etat a répondu ceci : « Tous ceux qui veulent un rassemblement clair, politique, saint, pour battre ce Gouvernement, j’ouvre les bras, je les attends ». Avant de les mettre en garde : « Mais attention, il ne faut pas essayer de faire de la roublardise avec nous. Il ne faut pas dire que je vais m’approcher de Gbagbo et puis, je vais le rouler. On ne me roule pas. » Un message qui s’adresse principalement à l’opposition. En l’occurrence, son principal allié, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), ne semble pas épargné.
Au moment donc où Tidjane Thiam, le président du Pdci, est sur le terrain pour se faire un nom en vue de la présidentielle, le Woody de Mama sent peut-être le tapis de leader de l’opposition se dérober de plus en plus sous ses pieds. Pourtant, a indiqué Laurent Gbagbo, il n’est pas venu à Bonoua ce dimanche pour préparer les élections de 2025. « (…)Aujourd’hui, je ne suis pas venu pour faire la campagne, je suis venu parce que c’est Bonoua », a poursuivi le visiteur de marque.
Sujets d’actualité
S’il n’est pas en campagne, le Président du PPA-CI a cependant été acerbe vis-à-vis du pouvoir. Morceau choisi : la non-gratuité de la carte nationale d’identité (CNI). « Pour aller aux élections et gagner, il faut la carte d’identité, or ici, il y a plein de gars qui n’ont pas de carte d’identité (…) Entre 2000 et 2010, j’avais fait faire gratuitement les cartes d’identité. Parce qu’on ne peut pas demander à un citoyen de payer sa citoyenneté (…) Je plaide donc pour une carte d’identité gratuite », a fait savoir Laurent Gbagbo, qui a profité de l’occasion pour revenir sur la cherté de la vie. En bon conteur d’histoire, Gbagbo a relaté à son public qu’il connait un ami dont la facture d’électricité est passée de 300 000 à 900 000 FCFA. « Il se promène dans la ville pour dire, je vais faire comment. Je lui ai dit mais, c’est le Gouvernement (rire) », s’est étendu l’historien. Et Gbagbo de charger : « Tu roules sur une route, tu payes. Moi j’ai fait deux péages avant d’arriver ici. La vie est trop chère ».
Tous les sujets d’actualité étaient donc bons à prendre ce dimanche pour M. Gbagbo, afin d’entretenir son auditoire acquis. De l’eau empoisonnée aux cas de suicides, en passant par les disparitions. « Au début, quand on me disait qu’il y a une femme qui a disparu, je croyais que c’étaient les gars qui ont enlevé leurs ‘‘Gos’’ (ndlr, mot nouchi pour désigner copine) pour aller s’‘‘enjailler’’ (mot nouchi qui signifie s’amuser», a indiqué l’ancien pensionnaire de la CPI. Au contraire de Thiam à qui il revient le mérite de proposer de temps en temps des pseudos solutions, Gbagbo reste fidèle à sa maxime : le dénigrement pour ne rien proposer.
Georges Dagou