Près d’une dizaine de coups d’État entre 2020 et 2023, sur le continent africain. Le dernier en date ? Le Gabon. Aussitôt réélu, aussitôt destitué, Ali Bongo vient de céder le fauteuil présidentiel au général Brice Clotaire Oligui Nguema, commandant en chef de la garde républicaine qui a pris les rênes du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions. Si le numéro un de l’Elysée, Emmanuel Macron parle d’épidémie de coups d’État en Afrique, cette énième prise du pouvoir par la force montre clairement que les choses iront crescendo. Pourquoi ? Qu’est-ce qui justifie autant de putschs au cours de ces dernières années ?
Mali
Le premier de la liste, tenu le 18 Août 2020 au Mali, contre le président Ibrahim Boubacar Keita est consécutif à un contexte sécuritaire délétère marqué par l’élargissement des tentacules de l’hydre terroriste, des tensions entre le chef de l’exécutif et l’armée et des manifestations populaires liées à une suspicion d’irrégularité sur les législatives. Même son de cloche au palais de Kosyam. Pays frontalier au Mali ayant pour dénominateur commun, le défi sécuritaire, le Burkina sera touché par le virus Putsch, le 24 Janvier 2022. Paul Henri Sandaogo-Damiba renverse le régime du Président plébiscité dans les urnes, Roch Marc Christian Kaboré. La raison de ce pronunciamiento ? Selon les militaires, l’incapacité du chef de l’Etat à faire face aux défis sécuritaires imposés par l’expansion du terrorisme.
Un coup d’état en appelle un autre …
Moins d’un an après le premier coup d’Etat au Mali, le 24 Mai 2021, bis repetita. Le palais de Koulouba est le théâtre d’un nouveau putsch. Assimi Goita est à la baguette. Et il accuse le président de la transition de « sabotage de la transition » pour ne pas l’avoir été associé à la formation du gouvernement. Au Burkina, c’est un scénario identique. Ibrahim Traoré prend le pouvoir à son frère d’arme, Sandaogo Damiba.
Du fait d’un partage de gâteau insatisfaisant et de mésententes entre les civils et les militaires au pouvoir depuis la chute du régime d’Omar El Béchir, un coup d’état a lieu, le 25 Octobre 2021. Touché, le Conseil de souveraineté de transition du soudan dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhane ne coule toutefois pas, il demeure au sommet de l’exécutif.
“Gabegie financière, politisation à outrance de l’administration publique, pauvreté et corruption endémique et un troisième mandat contesté”. Ce sont les raison d’après leurs auteurs, qui justifient le coup d’Etat en Guinée, le 4 septembre 2021 par le colonel Mamadi Doumbouya. Il abrège ainsi le 3è mandat du chef d’Etat, Alpha Condé.
Au niger, suite à un bruit de bottes, Abdourahamane Tchiani renverse le régime de Mohamed Bazoum, le 26 juillet 2023 et devient président de la transition. En toile de fond de son coup d’État contre le président démocratiquement élu, “une dégradation continue de la situation sécuritaire et la mauvaise gouvernance économique et sociale”. Officieusement, ayant flairé un limogeage ordonné par le chef de l’État à son encontre, il aurait décidé de chapeauter ce coup de force. Au Gabon, c’est différent. “Résultats tronqués, gouvernance irresponsable, dégradation continue de la cohésion sociale”. Tels sont les motifs donnés par le Comité pour la transition et la restauration des institutions dirigé par le général Brice Clotaire Oligui Nguema.
Fortunes diverses, mais un seul point commun…
D’un pays à un autre, on le voit, les raisons données par les putschistes, sont différentes. Comme l’aura souligné, le chef de la diplomatie de l’Union Européenne, Josep Borrell, ce 31 août 2023, une dichotomie existe entre le coup d’État au Niger et celui du Gabon. In fine, il y a de toute évidence les symptômes d’un syndrome de coups d’État en Afrique.
Charles Assagba