Le procureur avait réclamé une sanction “mesurée” pour ne pas faire de ce procès celui de la pédophilie dans l’Église. L’ancien ambassadeur du Vatican en France Luigi Ventura a été condamné ce mercredi à huit mois de prison avec sursis pour des agressions sexuelles sur quatre hommes en 2018 et 2019. Le parquet avait requis 10 mois de prison avec sursis.
L’ancien nonce apostolique a été jugé en son absence, pour des raisons médicales selon son avocate, le 10 novembre dernier par le tribunal correctionnel de Paris. Lors de ces auditions devant les enquêteurs, il a toujours nié les faits, évoquant dans un premier temps un complot, puis de simples gestes amicaux – des caresses sur les fesses, selon les plaignants – liés à son caractère latin, sa vue déclinante et une déficience mentale, niant toute intention sexuelle.
Des mains sur les fesses
Lors de l’audience, trois des quatre plaignants sont venus tour à tour, raconter les attouchements qu’ils ont subis. Une épreuve qui a parfois eu de lourdes conséquences. Mahé, jeune séminariste, a rencontré Luigi Ventura le 8 décembre 2018 lors d’une messe organisé par son diocèse. Le jeune homme, qui a été “viré” selon ses propres termes du séminaire, a confié au tribunal ces cinq fois où l’homme d’Eglise lui a posé la main sur les fesses.
Seul un prêtre lui a conseillé de porter plainte, les autres l’ont prévenu de la pression qu’il allait subir en engageant une procédure contre Luigi Ventura. Depuis, Mahé a abandonné son ambition de devenir prêtre.
Deux autres plaignants sont des anciens salariés de la mairie de Paris. En 2018 pour l’un et en 2019, pour l’autre, ils ont croisé la route du nonce apostolique lors d’une cérémonie des vœux aux ambassadeurs à l’Hôtel de Ville. Les deux hommes ont décrit une scène similaire où Luigi Ventura, leur a fait subir des attouchements, en toute impunité selon leurs mots, au cours de la cérémonie. C’est la plainte de Mathieu de la Souchère, l’un des deux salariés, qui avait déclenché l’affaire.
Obtenir le statut de victime
Pour l’ensemble des plaignants, ce procès avait avant tout pour but d’obtenir le statut de victime.
Ce procès devant le tribunal correctionnel de Paris avait pu se tenir après l’obtention de la levée par le Vatican de l’immunité diplomatique de Luigi Ventura. Faisant ainsi de ce moment un “procès historique” pour les parties civiles. A l’audience, il est toutefois apparu que l’Etat pontifical a accepté que son ancien ambassadeur comparaisse, mais cette levée diplomatique ne vaut pas pour l’exécution de sa peine. Le tribunal a également condamné Luigi Ventura à verser des dommages et intérêts aux victimes et à rembourser leurs frais d’avocat.