Cissé Aissatou, la reine du transport

par NORDSUD
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Lorsqu’il est de plus en plus question d’égalité des genres en Côte d’Ivoire, certaines femmes ont pris le devant depuis déjà bien longtemps. Zoom sur une battante.

Le 6 août 2016, elle se voyait décerner le prix d’excellence du meilleur chef d’entreprise, dans la catégorie femme. Attribuée par le président de la République, Alassane Ouattara, cette consécration ne faisait en réalité qu’agrandir la longue étagère à trophées de Cissé Aissatou Seye. En 2014 déjà, un prix honorifique lui avait été octroyé pour récompenser ses efforts dans le milieu. Avant cela, la Coqueluche du transport ivoirien savourait sa réussite en 2013 avec le « prix spécial leader ». Le Salon international de la femme battante dénommé  »Létagonin’‘ qui suivait Cissé Aissatou Seye de près depuis un moment, avait déjà vu juste en 2012 en la félicitant avec un prix honorifique. Cela, après le grand prix des transports en 2010. Bien sûr, à côté de tous ces trophées, sa première consécration en 2009 avec un diplôme d’honneur demeure à jamais pour cette quinquagénaire veuve depuis 2007, le point de départ de tout.  A Gonzagueville, dans la commune de Port-Bouët où elle dirige une société de transport du personnel des entreprises, la PDG de la société Pendis est une femme très occupée. Et on a presqu’envie de lui demander, d’où lui vient cette énergie ? Devant son luxueux bureau où stationnent de nombreux véhicules de transport, on peut pressentir la rigueur de cette dame de fer, avec la sécurité stricte assurée par des vigiles. Celle qui a travaillé pendant 24 ans dans la société multinationale Air Afrique, est pourtant une femme très ouverte. « C’est mon époux qui était transporteur, qui a créé la société en 1997. Les soirs, je prenais plaisir à m’intéresser à son activité. Parce que j’étais dans le transport aérien et lui dans le transport terrestre. C’est ainsi que j’ai senti le besoin de me rapprocher de l’activité de mon mari », raconte Mme Cissé. En 2004, avec la liquidation d’Air Afrique, elle part pour se mettre à la disposition de son époux. A Pendis, la future multi lauréate occupe plusieurs postes, surtout techniques, parfois destinés aux hommes. Ainsi, elle apprend les rudiments du métier auprès de son mari. En 2007, celui qui a partagé sa vie et l’a préparée à devenir une battante, tire sa révérence. « J’avais le choix, soit laisser la société mourir, soit prendre le risque de continuer seule », se rappelle Cissé Aissatou Seye. Elle opte pour le second cas de figure. Quand elle prend en main la société, il s’agit de lui donner une nouvelle orientation. Et c’est là qu’on comprend la clé du succès de cette dame déterminée. « Je me suis professionnalisée avec mon personnel. Au niveau du capital humain, j’ai renforcé les bases par des formations. Nous avons travaillé au niveau de la communication du personnel, de la clientèle », énumère-t-elle. Elle le sait, s’imposer dans le milieu du transport n’est pas une sinécure. Mais la PDG de Pendis a toujours cru en ses qualités de femme battante. « Dès le départ, les gens étaient sceptiques. J’avais le devoir de travailler doublement. Mon handicap de femme ne devait pas m’empêcher de réussir. Il fallait que le gérant de l’entreprise donne une image de qualité à l’extérieur et à l’intérieur. Cela m’a permis d’asseoir une société de qualité. Aujourd’hui, nous avons pour ambition de faire mieux. Le personnel a besoin d’être transporté à l’heure, pour que les entreprises ouvrent à l’heure », note-t-elle.

Avec ses 110 employés de qualité, elle croit que tout est possible. Il suffit de le vouloir. Mme Cissé a connu des difficultés mais elle n’a jamais baissé les bras. Comme ces coups de téléphones tardifs lui annonçant que l’un de ses cars, tout neuf, venait de faire un accident. Ou encore, des contrats pourtant sûrs qui viennent d’être annulés. « Pour une femme, c’est un choc. On a tout un stress à gérer », raconte la championne du transport. Avant d’exhorter les femmes à prendre des initiatives, à être autonomes. « Une femme doit croire en elle-même et avoir de la rigueur. Il ne faut pas avoir de complexe. Tout est difficile dans la vie. Il faut fournir des efforts pour créer de la richesse. Même être au foyer, c’est un métier difficile », encourage Cissé Aissatou Seye.

Raphaël Tanoh

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