Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Dans le milieu du showbiz ivoirien, SK 07 (9 ans, CM2, rappeur ivoirien), Mariam Djafoule (11 ans, CM2, vidéaste web) et Ramba Junior (12 ans, CM2, rappeur ivoirien) illustrent parfaitement ce dicton. Ils ont commun d’avoir débuté leurs carrières respectives étant mineur, sur les bancs de l’école. Aujourd’hui, ils mènent leur art, leur scolarité et leur vie d’enfant ou de jeunes étudiants. Ce qui fait d’eux des élèves les jours pairs et des artistes les jours impairs. Incursion dans la bulle de ces jeunes artistes-élèves.
A 12 ans, en classe de CM2, Ramba Junior, bat les records de précocité. Culminant à 644 000 abonnés sur Facebook, le rappeur Ramba Junior a depuis le début de sa carrière en 2019, une discographie ornée de plusieurs titres. ‘’Hommage à Arafat Dj’’ (1,5 million de vues) et ‘’Dans Ramba’’ (1,6 million de vues) sont entre autres ses hits qui ont fait carton. Une vie de starlette qu’il tente clopin-clopant d’allier à celle d’écolier. «Tout le monde sait que c’est compliqué d’aller à l’école et de faire la musique en plus pour un enfant. On le laissait aller à l’école en semaine et ses activités artistiques se faisaient le week-end même si c’était compliqué. Il a commencé au CE2 et là il est au CM2 donc il avance normalement. Les paroles dans ces chansons, c’est juste pour le game, sinon il est respectueux», précise Hyacinthe Adapa, le manager de l’élève, bébé-artiste.
Mariam Djafoule, 11 ans, certes à l’assaut du Cepe, mais, une actrice avec un ADN qui fait déjà mouche. Petit poucet du monde de l’humour sur internet depuis 2018, Mariam Djafoule a tapé dans l’œil des internautes pour ses répliques culte et son caractère bien trempé dans ses vidéos. Interrogée par Nord Sud sur sa technique pour jongler entre cet art et ses études, elle répond sans faux-fuyant. «Je fais les vidéos justes pour m’amuser, comme ça quand je vais grandir, je vais commencer une grande carrière. Pour le moment, je suis concentrée sur les études, c’est en vacances ou pendant les congés que je fais des vidéos». Critiquée pour ses propos jugés malencontreux à l’endroit de ses aînés, Mariam Djafoule tempère: «Il ne faut pas qu’ils me jugent à partir de ce que je dis dans mes vidéos, c’est juste des rôles, sinon je suis très polie», souligne-t-elle, lors d’un échange avec son grand-frère, co-acteur et manager, dénommé Segano. Les vidéos tournées par la fillette et son frère aîné font des audiences de millions de vues.
Sk07, 9 ans, en classe de CM2, le benjamin des petits loups du rap ivoire. SK07 figure dans ce cercle fermé des artistes qui font actuellement leurs classes au CM2. Entamée à 7 ans, alors qu’il était au CE2, sa carrière est actuellement en berne. Elle n’attend que les vacances et la fin des examens pour reprendre de la couleur. «Quand c’est l’heure de chanter, je chante, Quand c’est l’heure d’aller à l’école j’y vais», avait-il répondu dans une interview à un confrère. Il a un tel coffre que l’un de ses tubes glane plus de 2,3 millions de vues sur Youtube.
A 14 ans et en classe de 3ème. Petit Gueu qui a mis les pieds dans le plat de l’humour depuis 2013, peut se targuer d’avoir une carrière avec une fulgurante ascension.Invité par un pur hasard à jouer un rôle dans une vidéo GAG réalisée par son oncle en 2013, Petit Gueu ne compte plus depuis lors, ses passages devant les caméras. «Avec les parents, c’est un échange. Si tout va bien à l’école, ils me laisseront exercer mon art. Je ne peux plus adopter certains comportements ou manger mon pain comme tout le monde à cause de la starmania (rire)», ironise-t-il. En cas de télescopage entre les programmations des cours et des impératifs liés à sa carrière, «souvent, on informe l’administration de l’école pour avoir des permissions», révèle son manager Togba Judicaël. En plus d’avoir le vent en poupe sur les réseaux sociaux, Petit Gueu a réussi sa transition vers la télé. Il a joué dans une kyrielle de films diffusés sur des chaînes de télé nationales et internationales avec notamment son rôle dans les coups de la vie sur A+Ivoire qui a défrayé la chronique.
Vitale transmet le virus de la musique à son fils Fr2D. Bercé dans un environnement musical avec en l’occurrence sa mère, Vitale, artiste coupé décalé ivoirienne, Kéira Mohamed Frédérick alias FR2D, a donné libre cours a sa fibre artistique dans le milieu du Rap. Il est élève en classe de 4è et pensionnaire d’une académie de football. Je fais de la musique pour mon propre plaisir, c’est une passion. L’école c’est la base, donc l’avenir nous dira plus sur mon orientation professionnelle. Ma mère m’a surpris en train de chanter dans ma chambre et depuis, elle me guide à tous les niveaux», confie-t-il. Il a remporté le trophée du meilleur rappeur junior aux Hip-hop ivoire trophy 2021.
Paul Yves Hey Tien, un pur produit. Sa carrière débute en 2013, alors qu’il est au collège. 9 ans plus tard, il figure dans le gotha des figures de proue de l’humour 2.0 et est en passe de décrocher un bac+5 en cycle d’ingénieur pétrole au sein du prestigieux Institut national polytechnique Houphouët-Boigny de Yamoussoukro. «Je n’ai pas voulu entrer dans le showbiz, c’est un peu le showbiz qui est venu à moi. Je ne trouve pas nécessaire de choisir l’un au détriment de l’autre, si je peux jongler les deux. Mes parents l’ont bien pris. J’ai un emploi du temps bien organisé pour faire les deux. Mes gains, je les réinvestis dans d’autres courts-métrages ou du matériel», indique-t-il. Uniquement sur sa page Facebook, certaines de ses vidéos avoisinent des records de vues : le Chill 2 : 12 millions de vues, la boîte de nuit: 3,5 millions de vues et l’Oncle 2: 2,9 millions de vues.
Entre leurs vies d’artistes et leurs personnalités d’enfants ou de jeunes étudiants sous la tutelle de leurs parents, les artistes-élèves réussissent manifestement à faire la part des choses.
Charles Assagba