Les djihadistes ne laissent aucun répit aux autorités de Bamako. Les attaques des groupes armés ne se limitent plus au nord et au centre. Depuis l’attaque le 22 juillet 2022 du camp militaire de Kati, près de Bamako et cœur du pouvoir de la junte malienne où habite officiellement son chef Assimi Goïta, les djihadistes multiplient les attaques dans le sud du pays.
Dernière en date ce dimanche 7 juillet. Au moins 17 soldats et quatre civils ont été tués, après une attaque attribuée à des djihadistes dans la ville de Tessit, située dans la zone dite des trois frontières entre Mali, Burkina et Niger. C’est surtout pour le contrôle des gisements d’or. Neuf autres militaires sont portés disparus.
Le bilan est «toujours provisoire et susceptible d’évoluer», selon un communiqué de l’armée malienne diffusé lundi, qui dit avoir tué sept ennemis «vraisemblablement de l’Etat islamique au Grand Sahara et bénéficiant d’un appui drones et artillerie avec un usage des explosifs et véhicule piégé». L’armée évoque «un nombre inconnu de blessés emportés par les assaillants» du côté «ennemi».
Les groupes armés affiliés à Al-Qaida, rassemblés sous la houlette du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, JNIM en arabe), combattent dans la zone de Tessit le groupe Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), affilié à l’organisation Etat islamique (EI).
Actions coordonnées
Selon le sociologue malien Mohamed Maïga, interrogé par RFI, les assaillants utilisent des moyens sophistiqués. Certaines sources citent notamment des drones d’observation.
Mais si les djihadistes ont récemment opéré près de la capitale, c’est également parce qu’il y a une défaillance dans le dispositif des Forces de défense et de sécurité (FDS). Les assaillants ont réussi leur démonstration : celle de leur capacité à frapper le pouvoir malien en son cœur. La veille de l’attaque de Kati, le 21 juillet, six attaques coordonnées étaient simultanément lancées dans le centre et le sud du pays, à 5H00. Une première. Ces régions du sud (Sikasso, Koulikoro, Kayes), autrefois épargnée par les fantassins du djihad, sont désormais une cible.
Comme « une façon de dire (aux autorités) qu’ils peuvent frapper partout, aussi loin que possible » de leur base, souligne un observateur malien de la situation sécuritaire à Sévaré (centre). Dans un récent communiqué authentifié, les groupes djihadistes ont affirmé être désormais partout sur le territoire.
La plupart des attaques y sont revendiquées par le GSIM, créé en 2017 par la fusion de plusieurs factions: Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi, pionnier du djihad sahélien, né en Algérie en 2007), les groupes Ansar Dine du Malien Iyad Ag Ghali et Al-Mourabitoune du défunt Mokhtar Belmokhtar, et la Katiba Macina d’Amadou Koufa.
Face à cette situation inquiétante, le gouvernement a pris des décisions, comme l’interdiction de circuler à moto à certains moments de la journée dans des localités. Cela ne suffit pas à rassurer : les États-Unis ont déjà demandé à une partie de leurs ressortissants de quitter le Mali.
Dans le centre du Mali, les combats sont âpres entre les fantassins estampillés GSIM de la Katiba Macina et les forces du régime et les supplétifs du groupe de sécurité privé russe Wagner. Les civils, pris en tenaille, paient le prix fort. Fin juin, au moins 132 d’entre eux sont morts dans une des pires tueries depuis le début du conflit.
Bakayoko Youssouf