Autrefois perçu comme un stratège incontournable, Guillaume Soro se retrouve aujourd’hui isolé, victime d’une hémorragie politique. Depuis son exil et les condamnations judiciaires, ses proches désertent en masse, témoignant d’un désenchantement face à un avenir politique incertain.
C’est une hémorragie politique qui s’accélère. Depuis plusieurs années, Guillaume Soro, ancien Premier ministre et ex-président de l’Assemblée nationale, voit son cercle politique se réduire inexorablement. Le dernier en date à prendre ses distances est Koné Tehfour, autrefois l’un de ses fidèles lieutenants, dont le retour au RHDP a été annoncé récemment. Un départ qui s’ajoute à une longue liste de ralliements au Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix ou d’éloignements discrets de l’ancien chef rebelle. Si l’exil de Soro depuis 2019 et les condamnations judiciaires à son encontre en Côte d’Ivoire expliquent, en partie, ces défections, il faut en faut chercher les véritables raisons dans l’absence de perspectives politiques concrètes pour ses partisans.
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Un manque de perspective qui lasse ses partisans
Guillaume Soro a longtemps été une figure incontournable du paysage politique ivoirien. Son influence sur la jeunesse et son parcours atypique lui ont permis d’incarner un temps une alternative au pouvoir en place. Pourtant, avec son éloignement du pays et son incapacité à structurer une opposition viable, son mouvement semble s’effriter. Le constat est implacable : ses soutiens, lassés par un exil sans issue et une stratégie politique brouillée, finissent par abandonner le navire. Ils sont nombreux à préférer rejoindre la formation politique ayant une réelle assise institutionnelle, à savoir le RHDP. Le pragmatisme l’emporte donc ainsi sur la fidélité à un leader dont le destin politique semble de plus en plus incertain.
Quel avenir pour l’ex-chef rebelle ?
Si les départs se multiplient, l’ancien président de l’Assemblée nationale conserve encore une base militante et un réseau, notamment au sein de la diaspora. Toutefois, ces soutiens suffiront-ils à lui redonner un poids politique en Côte d’Ivoire ? Sans une stratégie claire et une capacité à négocier son retour dans l’arène politique, Guillaume Soro risque de voir son influence s’éroder davantage, au point de devenir une figure de l’opposition marginalisée. La question n’est donc plus de savoir qui va encore quitter Soro, mais plutôt s’il dispose de soutiens capables de porter son ambition politique. Pour l’heure, la tendance est à l’affaiblissement, et chaque départ ne fait que confirmer une réalité : Guillaume Soro, autrefois stratège redouté, est aujourd’hui un leader isolé, sans horizon politique clair.
Armand BLEDOU