Au Soudan du Sud, plus qu’ailleurs en Afrique, l’accès à l’eau potable est un enjeu crucial pour consolider la paix ou face à des conflits communautaires pouvant fragiliser la sortie de crise.
Sur le chemin de son école à Juba, capitale du Soudan du Sud, Farida, le cartable scolaire sur le dos, chantonne doucement, le visage illuminé par l’espoir d’un avenir radieux. Comme Farida, des milliers de jeunes filles sud-soudanaises ont pu prendre le chemin de l’école depuis le démarrage du Projet résilience de l’approvisionnement en eau pour améliorer les conditions de vie à Juba (RWPILJ, sigle en anglais).
Financé pour près de 7,22 millions de dollars américains (quatre milliards de francs CFA) par un don de la Banque africaine de développement (BAD), le projet a libéré les filles sud-soudanaises des corvées d’eau qui leur prenaient quatre à huit heures par jour. Du coup, le taux de scolarité primaire a progressé de 89 à 95%.
Mais c’est sur le plan sanitaire que l’impact du projet a été le plus spectaculaire. Alors que Juba, ville d’environ 372 000 habitants, avec un taux d’accès à l’eau potable de seulement 25%, était confrontée à des épisodes annuels de choléra, le projet ambitionnait d’abaisser considérablement la morbidité et la mortalité dues aux maladies hydriques.
En fournissant l’eau potable à près de 230 000 personnes dans les quartiers défavorisés de Juba tels que Hai Gabat, MTC, Konyo, Kasaba, Lologo, Atlabara, Muniki, et certaines zones de Gudele/Guei, le RWPILJ a fait disparaître les diarrhées aiguës, le ver de Guinée, des maladies causées par la consommation de l’eau directement puisée du Nil.
Afin de faciliter l’approvisionnement en eau des habitants par camions-citernes, quatre nouvelles stations de remplissage ont été financées par le projet qui a aussi permis l’installation de 1 000 compteurs individuels, 30 bornes-fontaines dans les quartiers et quatre compteurs collectifs supplémentaires.
Renforcer la résilience des femmes et des jeunes
Avant l’arrivée du projet, les consommateurs ne disposaient pas de compteurs et payaient leurs factures sur la base de taux forfaitaires dérisoires et insuffisants pour assurer la viabilité financière de la SSUWC et lui permettre de proposer des prestations de qualité.
Les activités du projet ont eu d’autres retombées positives pour la résilience des populations les plus vulnérables.
La vente et la distribution d’eau par camions-citernes étant la chasse gardée des hommes, le projet a ainsi imposé qu’au moins 20% des femmes et 10% des jeunes soient associés aux programmes d’approvisionnement en eau potable.
Au moins 10% de femmes et 10% de jeunes sont également impliqués, à la demande du projet, dans des travaux à haute intensité de main-d’œuvre durant la phase de construction des infrastructures d’approvisionnement en eau.
Les femmes représentent 30% des 400 clients formés à la détection des fuites d’eau dans le réseau et 20% du personnel de la SSUWC.
Au Soudan du Sud, plus qu’ailleurs en Afrique, l’accès à l’eau potable est un enjeu crucial pour consolider la paix ou face à des conflits communautaires pouvant fragiliser la sortie de crise.
Le financement de l’approvisionnement en eau de la ville de Juba rejoint également les cinq priorités stratégiques de la Banque appelées «High 5», notamment pour «améliorer la qualité de vie des populations en Afrique.»