Bâti en 1972, le zoo d’Abidjan a fermé ses portes fin 2020, pour des travaux de rénovation. Après sa réouverture en décembre 2021, le parc présente 330 animaux regroupés en 50 espèces. Mais, quel visage offre-t-il aux visiteurs ?
Rattrapé par l’urbanisation, en quête de sa renommée d’antan, le Zoo d’Abidjan tente de se réinventer. Ce n’est plus seulement un parc animalier, mais un lieu de détente. Un endroit pour festoyer, pour se reposer et même, pour romancer. Difficile désormais d’oublier un passage ici. Les responsables ont misé sur le «bouche à oreille» pour attirer du monde. Il n’y a qu’à voir la foule, quasiment en file indienne, ce jeudi 21 juillet, à l’entrée du parc animalier pour prendre un ticket. 1 500 FCFA pour les adultes, là où l’entrée tournait autour de 300 FCFA, il y a quelques années. 1 000 F pour les adolescents jusqu’à 17 ans. Et 500 F pour les enfants âgés jusqu’à 4 ans. Pour les moins de 3 ans, c’est gratos. Avec l’affluence, il y a des gardes à l’entrée pour demander aux clients de suivre le rang. Les deux caisses sont submergées de monde. Les caissières sont obligées de prendre le déjeûner sur place pendant qu’elles coupent les billets, la bouche pleine.

Captive du monde
Ce jeudi, il y a près d’une centaine de visiteurs dans la cour, qui ne désemplit pas. Et c’est comme cela depuis le début des vacances, surtout, quand le temps est beau. Il n’y a pas de nouvelle arrivée d’animaux. Alors, qu’est-ce qui attire ? Au début de la visite, ce sont les mêmes pythons de Seba à l’entrée, à droite, étiquetés «animaux dangereux» ; deux léopards d’Afrique, dès qu’on avance un peu. Un éléphant errant sur une plateforme surélevée, qui captive. Tout le monde veut faire un selfie avec lui. Et puis, le clou du spectacle : trois lions derrière une grille. Leurs rugissements submergent de temps en temps le zoo. Les singes, les chacals, les crocodiles «faux gavial d’Afrique», les civettes africaines, sont les suivants à être admirés. Il n’y a plus d’hyène. La cage du phacochère commun est vide. D’autres animaux manquent à l’appel. Et les oiseaux n’intéressent pas beaucoup les visiteurs. Comment les retenir plus longtemps dans le parc ? Eh bien, l’administration du zoo a invité des opérateurs privés à ouvrir des espaces de jeu à l’intérieur.

Ainsi, après la balade animalière, au bout du zoo, on tombe sur une pancarte avec l’inscription, « Bienvenue au mini Afrika Parc ». Le mini Afrika Parc en question, c’est ‘‘Disney land’’. Un carrousel, où les parents s’invitent eux-mêmes à monter sur les chevaux en plastique, aux côtés de leurs enfants. Un manège avec des voiturettes électriques, qui font le tour et dont les enfants raffolent. Une petite montagne russe, où on fait le rang pour grimper sur les plateformes tournantes et montantes, etc. Les tickets varient de 500 à 2 000 FCFA pour ces manèges. Ils n’attirent pas que les enfants, mais les parents également qui ne rougissent pas, en s’invitant dessus.
Détente
Depuis sa réouverture, le zoo a plus gagné avec ces parcs d’attraction qu’avec de nouvelles espèces animales. Ce n’est pas pour déplaire aux visiteurs.
« Ce sont les vacances, il faut faire plaisir aux enfants parce qu’ils ont bien travaillé à l’école. On est là depuis 10 heures. Il est 13 h, et on n’a pas encore fini la visite», explique Rodrigue Kouamé, venu avec son épouse et leurs deux enfants âgés de 7 ans et de 12 ans. Pour ce commerçant, les différents types de divertissements que le zoo offre en sont la cause. «Nous avons visité les animaux, puis, nous sommes venus au manège. Ensuite, nous sommes allés manger», explique-t-il. Le restaurant du zoo offre en effet un menu complet. Des plats qui varient entre 2 000 et 8 000 FCFA (pour le filet de bœuf). Ceux qui ont des bourses plus modestes, peuvent aller au kiosque de popcorn et de glaces, ouvert au parc.
«Le zoo est devenu plus attrayant depuis sa réouverture. C’est surtout pour les enfants. Ils peuvent passer plusieurs heures ici à jouer. C’est devenu un bel espace de détente», renchérit Alima Traoré, venue avec trois enfants, des élèves en vacances, dont son neveu.

Gontrant Dogbo, lui, est là avec sa petite amie. Après la balade, ils devisent sur l’un des jardins du zoo, à l’ombre d’un arbre, une glace à la main. Ce qu’il pense du zoo ? «L’entrée est plus chère. J’aimais les hyènes, mais elles ne sont plus là. Et il y a beaucoup de cages vides. Il faut envoyer d’autres animaux pour que le zoo soit complet», souligne le garçon, même s’il apprécie les espaces de détente. D’autres animaux prévus ? Au ministère des Eaux et forêt, on souligne que cela n’est pas encore au programme. Toutefois, on relève les réels progrès que le zoo a faits. «Nous sommes passés à plus de 500 visites par jour. Les animaux sont bien entretenus», explique une source proche du ministre. Si la délocalisation du zoo n’est pas à l’ordre du jour, dit-il, il est prévu un parc animalier à Bingerville pour compenser l’étroitesse du zoo d’Abidjan.
Raphaël Tanoh