L’Union du Grand Nord a finalement vu le jour le 13 novembre 2021.
L’idée d’une grande association des cadres, élus et ressortissants du nord a été lancée le 7 octobre 2021 au palais de la culture à Treichville.
Le porteur du projet, Gilbert Kafana Koné, Ministre d’Etat chargé des relations avec les institutions a clairement indiqué qu’il s’agit d’une organisation régionale, une sorte de grande mutuelle, qui s’assigne pour mission principale l’animation socio-culturelle et le développement du Grand Nord.
Assez simple à comprendre à mon sens.
Mais que n’a-t-on pas entendu des opposants au projet ? … Beaucoup de choses.
Ce qu’ils disent :
Que l’Union du Grand Nord veut «concentrer tout le développement au nord» ; Qu’il s’agit d’une organisation qui vise «à caporaliser et à victimiser les populations du nord à des fins politiques» ; l’UGN aurait pour objectif «de faire renaître le RDR dans sa souche radicale…pour la survie du pouvoir RHDP……» ; L’UGN, en définitive, serait «une plateforme régionale et tribale», initiée par les mêmes qui restructurent le RHDP…une deuxième version de «la charte du nord».
Tout ça pour une mutuelle de développement qui vient de naître, qui vient à peine de se doter de textes et qui n’a encore, hormis son assemblée générale constitutive, posé aucun acte.
«Garder le pouvoir au nord…».
Retenez bien ce bout de phrase. Car c’est tout l’enjeu de la polémique et de toute la cabale orchestrée autour du projet de création de l’Union du Grand Nord.
Qui sont ceux qui parlent ?
Des éditorialistes connus qui portent la voix du PDCI ; Des politiques de premier plan du nouveau Parti des Peuples Africains de Laurent Gbagbo et du FPI de Pascal Affi N’guessan ; Des voix également au sein de la société civile ; En somme, c’est exactement la même équipe que celle qui a porté la plateforme de contestation violente des élections présidentielles de 2020 et qui a initié le Conseil National de Transition qui ambitionnait de prendre le pouvoir par la force. Ça donne une idée assez précise.
Pourquoi parlent-ils ainsi ?
Pour casser l’image du régime Ouattara d’ici à 2025. On ne cessera pas de le répéter : A peine le cycle électoral de 2020 refermé, l’opposition a décidé d’ouvrir le chapitre de la prochaine présidentielle. Il faut trouver des angles et entamer la déconstruction du système. On agite tout ce qu’on trouve. Après les thèmes «du rattrapage ethnique» et du «troisième mandat», l’UGN est le thème de l’heure pour fermenter les mécontentements et préparer l’insurrection manquée de 2020.
On use de raccourcis et même de caricatures grotesques. Tenez pour illustrer, Chris Yapi alias Guillaume Soro, qui repousse toujours comme il peut les limites du ridicule, postait ceci sur les réseaux sociaux le 8 novembre dernier : «Ado veut conserver le pouvoir d’Etat au nord pendant 50 ans. …L’UGN sera dotée, pour cela, d’une armée et va, comme au 16ème siècle, se lancer dans des guerres d’invasion et de conquête de nouveaux territoires pour élargir… l’électorat du nord ;… ».
Vous avez bien lu !
L’Union du Grand Nord, ce serait finalement «le RHDP qui se replie sur le RDR et donc sur le nord pour perpétuer le pouvoir d’un clan». La rhétorique de la déconstruction du régime.
Pour détricoter le RHDP. Le discours de l’opposition sur l’UGN cible également la dynamique d’élargissement du RHDP. La campagne de communication vise principalement les hauts cadres du PDCI qui ont adhéré au RHDP. Ce ne sont plus «des traîtres», mais des souffre-douleurs du RHDP-RDR.
Morceaux choisis sous la plume des éditorialistes des journaux verts et bleus: Il s’agit «d’exclure les transfuges venus du PDCI et des autres partis pour le RHDP. Ceux-là, qui n’ont pas la chance d’être des originaires du grand nord, sont visés par une sorte d’apartheid qui se met en place… ».
Plus intéressant, ils écrivent : « En ligne de mire, il y a le Premier Ministre Achi Patrick. Les radicaux du RDR le trouvent désormais encombrant parce qu’il marque des points au plan national et international et est donc capable de les empêcher de garder le pouvoir au nord».
De très hautes personnalités du pouvoir. Et dont les plus farouches avocats sont les porte-voix de l’opposition. Une richesse nulle part autre que sur la scène politique ivoirienne.
L’argumentaire des procureurs de l’UGN fait-il écho ? Il faut voir. Sur le projet de création de l’UGN, on a entendu quelques inquiétudes. Dans les rangs du RHDP, notamment chez certains élus et cadres de la région du Gontougo.
Sans exagérer, l’épreuve se révèle comme un petit test de solidité de l’unité et de l’harmonie au sein du parti au pouvoir.
Et pour réveiller la chienlit. L’obsession de l’opposition, ce n’est pas l’alternance démocratique. C’est d’interrompre le cycle de gouvernance du RHDP. Par tous les moyens. C’est pour cela que l’UGN cristallise des passions. Et est présenté par ses détracteurs comme un instrument de perpétuation du pouvoir actuel.
Comme en 2020, les extrémistes de gauche et de droite sont à la manoeuvre.
On polarise le débat sur l’ethnie et la région. On manoeuvre pour opposer toute la Côte d’Ivoire au nord. On prolonge l’atmosphère de violence de la présidentielle de 2020.
La paix sociale est constamment mise à l’épreuve.
Bien heureusement, la logique du chaos peine à trouver des clients.
Parce que depuis dix ans, Alassane Ouattara s’évertue à rebâtir un pays, à remodeler ses institutions, à construire un appareil politique (le RHDP) en en élargissant le socle. Le Président lui-même a pris de la stature. Et le pays avec lui. Tant au plan national qu’international.
Un rempart face à l’appel permanent au chaos. Mais un rempart fragile. A surveiller et à consolider.
Le débat sur l’UGN montre bien que les fantômes du passé n’ont pas encore désarmé.
Méité Sindou