Une chercheuse camerounaise, Agnès Antoinette Ntoumba, a inventé un insecticide atypique développé à partir de plantes pour lutter contre le paludisme.
La lutte contre le paludisme est son cheval de bataille. Dans le laboratoire de biologie et de physiologie des organismes animaux de l’Université de Douala, au Cameroun, Agnès Antoinette Ntoumba, 41 ans, teste et développe des insecticides bio contre les larves de moustiques Anopheles gambiae (principaux vecteurs de la maladie), à partir de nanoparticules d’argent produites par des plantes locales : feuilles de goyave, de moringa, de citron ou de citronnelle.
Une première au Cameroun, qui lui a valu d’être récompensée par le Prix Jeunes Talents Afrique subsaharienne L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science. « Les plantes sont déjà utilisées dans le développement d’insecticides. Mais notre apport c’est l’utilisation des nanoparticules, désormais répandues dans tout le monde de la science. Les métabolismes secondaires présents dans la plante, associés aux nitrates d’argent, vont donner des nanoparticules d’argent, qui vont optimiser l’efficacité de la formule insecticide destinée à éradiquer les larves de moustiques », explique cette spécialiste en parasitologie et entomologie.
En raison des nombreux cas de résistance observés après l’utilisation d’insecticides issus de la chimie industrielle, elle est convaincue qu’il est urgent d’explorer de nouveaux axes de recherche via la synthèse verte – c’est-à-dire la chimie du végétal – afin de mettre à profit le potentiel africain tout en produisant plus rapidement des insecticides moins coûteux et plus respectueux de l’environnement. Selon le rapport 2019 de l’OMS sur le paludisme dans le monde, il y a eu 2,47 millions de cas de paludisme au Cameroun en 2018 (16,38 % des cas en Afrique) et plus de 3 200 décès (4,4 % des décès en Afrique).
Avec Internet