Des travaux pour redonner vie aux infrastructures. Le ministre des Transports, Amadou Koné, a procédé le vendredi 25 septembre 2020 au lancement des travaux de renaissance de la piscine municipale ainsi que du complexe de vie et de loisirs connexe à construire sur 2 hectares pour un peu plus de 4 milliards de francs Cfa. A cette occasion, le maire de Bouaké, Djibo Youssouf Nicolas, est revenu sur l’histoire cachée de la piscine municipale de Bouaké. Rappelant l’intérêt historique de la renaissance de cet espace, Djibo Nicolas a enseigné que la piscine a vu le jour en 1939 sous la houlette de l’administrateur colonial Laposte avec la volonté des colons d’échapper au dépaysement en Afrique et le souci de renforcer les liens sociaux entre colons européens. « Qui ne se souvient pas de ce fameux refrain de l’OFI, chanté en 1965, ayant bercé des moments inoubliables de plusieurs générations des années 70 à 80 et je chante : ‘‘ Bouaké et sa piscine, ses belles rues bien éclairées (à fredonner 2 fois)’’. Eh, Oui ! C’est bel et bien, de la résurrection de cette piscine, symbole de la belle époque de notre ville, dont il s’agit aujourd’hui. Un grand moment attendu par tous ici, un moment qu’auraient voulu vivre, en personne, de nombreux fils et filles de cette cité, mais hélas, partis trop tôt, donc, n’étant plus de ce monde. Toutefois, là, où ils se trouvent aujourd’hui, nous avons la profonde et l’intime conviction qu’ils sont habités, comme nous le sommes en ce moment, par des sentiments de grande joie, de voir renaître, ce pilier de notre identité culturelle commune. En effet, selon la thèse de Doctorat de Monsieur Ouattara Brahima, du Département d’Histoire de l’Université Alassane Ouattara (à qui je voudrais demander de se lever pour être vu de tous), l’histoire de cette piscine tire son origine des années 1930, où la colonie de Côte d’Ivoire était en pleine mutation, après le séisme né de la grave crise économique mondiale de 1929. A cet effet, la volonté d’échapper au dépaysement en Afrique et le souci de renforcer les liens sociaux entre colons européens, pousse l’administration coloniale à promouvoir la création des sites de loisirs. A Bouaké, ville commerciale à forte concentration des ressortissants français, durant ces années 1930, des accords entre la chefferie Baoulé et des français originaires de Marseille permirent l’acquisition de ce site qui nous accueille aujourd’hui, sur lequel sera créée la piscine en 1939, par l’administrateur Laposte. Pour conduire le chantier de construction, le choix fut porté sur l’officier des troupes coloniales du Génie, Colomb, celui-là même qui en 1914, avait dirigé les travaux de la réalisation du premier plan de lotissement de Bouaké, au temps du Gouverneur, Louis Gabriel Angoulvant. Lieu de divertissement, exclusivement, réservé aux Européens, la piscine devint à partir de l’année 1953, le cadre de rencontres de la nouvelle élite africaine. C’est ainsi que s’y retrouvèrent, très souvent, des personnalités notamment, Félix Houphouët Boigny, Ouezzin Coulibaly, Philippe Yacé, Djibo Sounkalo, pour ne citer que ceux-là. Cependant, pour voir cette piscine échoir entre les mains d’un Conseil municipal, ce qui lui vaudra l’appellation « piscine municipale », il faut attendre la Loi-Cadre et ses toutes premières élections municipales de 1957, qui consacrent la venue à la tête de notre commune d’un Conseil municipal, avec à sa tête, le Premier Maire africain, en la personne de Feu Djibo Sounkalo. Toutefois, ce vent de restructuration ne s’estompe pas avec la fin de l’ère coloniale. Bien au contraire, avec l’euphorie de la première célébration de la fête nationale, toujours sous la houlette du Premier Maire, la piscine municipale acquiert une dimension semi-olympique. Auréolée de cette nouvelle envergure, elle accueille, régulièrement, des athlètes nationaux. Au plan économique, du 26 janvier au 4 février 1963, les invités de la toute première foire internationale de Bouaké, furent reçues ici même. En 1964, une clôture d’environ 1 km fut construite pour protéger son aire. La même année, en prévision des fêtes tournantes de l’indépendance qui eurent lieu à Bouaké, la salle de dancing est démolie puis agrandie, une grande salle de réception et un bar virent le jour, dans la même foulée. Mais, faut-il le rappeler, la piscine municipale était aussi le site d’attache de l’OFI dès sa création en 1963 par la municipalité. En 1965, l’OFI qui avait déjà acquis ses lettres de noblesse, anima, ici, sur ce même site, le somptueux gala offert au président Mobutu Sesse Seko Kuku Wa Za Banga, lors de l’étape de sa visite officielle à Bouaké. Tout ceci, pour vous dire que grâce à sa piscine municipale, Bouaké se dota d’une stature internationale, faisant d’elle, une capitale culturelle de la sous-région. Mais, à partir de 1987, en raison du manque d’entretien et de la vétusté des équipements, la piscine municipale bascula dans une décadence, qui atteint son paroxysme avec la crise de septembre 2002 », a expliqué le fils Djibo Sounkalo, premier maire de la localité. Il s’est réjoui de la renaissance de ce site par le regretté ex-Premier ministre. La mythique piscine municipale, rebaptisée de son nom Amadou Gon Coulibaly, comprendra dans 8 mois en plus de la piscine, un amphithéâtre, une salle de mariage, un restaurant, une boîte de nuit, des salles de jeu, une salle de sport, une salle polyvalente, un kiosque muni d’une douche et des vestiaires, une guérite, un guichet des terrains de sports (football et basketball), et un espace de jeu pour enfants. En plus de la piscine, c’est un important investissement de 4 milliards que l’État de Côte d’Ivoire a consacré à l’ensemble de ce projet. C’est un projet intégré en vue de créer un lieu de vie. C’est un espace moderne, convivial où les populations peuvent se retrouver pour se détendre, se restaurer mais aussi pour des aires de jeu pour les enfants.
Allah Kouamé, Correspondant permanent