Rétrospectives Présidentielles de 1995 et 2000 : Boycott et exclusions d’antan

par NORDSUD
Publié: Dernière mise à jour le 217 vues

L’opposition ivoirienne veut-elle réinventer le fil à couper le beurre électoral ? Assurément ! Un coup d’œil dans le rétroviseur nous édifie.

1995. Autour de l’organisation de la présidentielle, l’atmosphère est tendue. Un petit mois plus tôt, précisément le 8 décembre 1994, pendant qu’Alassane Ouattara est à New-York, le Président Henri Konan Bédié fait introduire une modification- Article 49- au Code électoral aux fins d’exclure la première cité de la compétition. Désormais, il pèsera sur un candidat à l’élection présidentielle- en l’occurrence Alassane Ouattara accusé péremptoirement d’être étranger- la charge de prouver, de démontrer son ascendance ivoirienne.

Le Rassemblement Des Républicains et son candidat sont exclus de fait de la compétition. Le Front Populaire ivoirien de Laurent Gbagbo avec lequel il partage une alliance au sein du Front républicain, le suit en boycottant la présidentielle. La décision du boycott dit actif est proclamée.

Le boycott est effectivement « actif » dans le centre-ouest, fief du FPI. Cela occasionne une vingtaine de morts pendant la campagne, des routes coupées, du matériel électoral détruit et deux bonnes centaines de déplacés internes, notamment des Baoulés quittant les campements où ils sont menacés par les militants du Front Populaire ivoirien pour se réfugier dans le cantonnement des forces de l’ordre à Gagnoa.

Cela n’empêche pas la tenue de la présidentielle avec à l’affiche Henri Konan Bédié et Francis Wanga Wodié. Bédié est élu à 96% par environ un million et demi d’électeurs soit un quart des inscrits. Les abstentions ont été fort remarquées : Près de huit cent mille électeurs ont retenu leur bulletin de vote.

2000. Après dix mois d’une transition militaire chaotique menée par le Général Guei Robert, s’ouvre de nouveau le chapitre de l’élection présidentielle en octobre de cette année. Cette fois encore des exclusions de compétition sont prononcées par la junte. Celle-ci s’appuie encore sur le concept de l’ivoirité. Henri Konan Bédié du PDCI et Alassane Ouattara sont mis hors course. Avec eux, douze autres candidatures dont celles de Emile Constant Bombet (le ministre de l’intérieur qui avait organisé la disqualification de Ouattara en 1995), de Lamine Fadika (PDCI) et de Gaston Ouassénan Koné (PDCI). Le processus électoral est vertigineux : Le général Guéi dissout la commission électorale, la remplace par le ministère de l’intérieur, s’auto-proclame président de la République ? Concurremment avec laurent Gbagbo. Le chef de la junte est chassé. Et le leader du front Populaire Ivoirien devient président le 26 octobre 2000 avec 1.065.000 voix sur 5.475.000 inscrits, un taux de participation de 37% et un taux d’abstention record de 62%.

Les contestations et les violences se succèdent dans la rue. Entre les partisans de Gbagbo et les militaires de la junte d’une part. Entre les contestataires du RDR d’Alassane Ouattara et le nouveau régime FPI d’autre part : Bilan : 57 jeunes hommes morts découverts dans un charnier et près de 500 autres victimes dans les rues avec son lot d’épuration, d’enlèvements, de disparitions et d’exécutions extrajudiciaires.

Voici l’histoire, celle de Henri Konan Bédié, de Laurent Gbagbo, de Simone Gbagbo, de Affi Nguessan. Juste les faits historiques têtus.

Méité Sindou

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