La prochaine guerre mondiale ne sera pas militaire mais alimentaire

par NORDSUD
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Cette année, on estime à près de 10% de la population mondiale le nombre de personnes qui ont souffert de la faim. Cela représente quelque 800 millions d’individus sur la planète.

Une situation dramatique qui pourrait encore s’aggraver l’année prochaine s’il n’y a pas une mobilisation de tous.
L’inquiétude est tellement grande que la France a organisé une réunion spécifique sur le sujet, cette semaine en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. Parmi les pays les plus touchés, ceux de la Corne de l’Afrique : on parle de famine notamment en Somalie, mais on peut ajouter les pays du Sahel, Madagascar ou encore l’Afghanistan, dont les spécialistes estiment qu’il est en « insécurité alimentaire ». Sans oublier la destruction des aliments par les inondations au Nigeria, au Pakistan…
Plusieurs facteurs expliquent cette situation : les prix de l’énergie, le coût du transport, les conflits dans le monde, le réchauffement climatique, et depuis cette année le manque d’engrais. Cette dégradation de la situation a fait dire au secrétaire général de l’ONU que si rien n’est fait, il n’y aura pas assez de nourriture dans le monde en 2023.
La guerre en Ukraine est venue brutalement rappeler au monde que l’agriculture et la sécurité alimentaire sont des paramètres géopolitiques d’importance.

La dépendance de nombreux pays envers les exportations russes ou ukrainiennes a montré que la priorité est dans la nourriture. Il a suffi que le blé soit bloqué en Ukraine pour que le cours de plusieurs autres produits soient impactés. Le maïs a été également affecté par le conflit en Ukraine, grande productrice.

Le risque est donc réel d’assister à une grande jacquerie mondiale entraînant la déstabilisation de nombreux États, des flux migratoires non contrôlés et, çà et là, des conflits armés pour conquérir les ressources alimentaires nécessaires à la survie de certains peuples. Existe-t-il des solutions pour éviter ce qui pourrait être un séisme planétaire ? Oui. Disons-nous.

Dans de nombreux pays africains, l’agriculture est source de création d’emplois, de richesses et de développement durable et inclusif. Un rapport de l’Ocde décrit bien cette dynamique du secteur agricole, en notant que plus de la moitié du recul de la pauvreté est imputable à la croissance des revenus agricoles, contre 10 % seulement à celle des revenus non agricoles.

Le secteur agricole en Afrique représente en moyenne 16% du PIB de nos pays et fournit du travail à environ 60% de nos populations.
Cependant, l’Afrique qui dispose de 65% des terres arables au monde, continue d’importer pour plus de 35 milliards de dollars US pour la nourriture de subsistance de ses populations. Ce chiffre pourrait atteindre 100 milliards en 2030. La productivité de l’agriculture demeure encore très faible en Afrique. Les gains obtenus dans ce domaine sont largement dus à l’augmentation des superficies cultivées avec les conséquences en matière de déforestation. Les modes de productions sont généralement archaïques et utilisent très peu d’intrants améliorés.

Alors que les développements de la recherche et de la technologie ont connu un bon prodigieux au cours des dernières décennies, l’accès aux semences à haut rendement, aux engrais, aux techniques d’irrigation et à la mécanisation restent une préoccupation. Il en est de même du savoir-faire et de la sécurisation de l’accès au foncier. Un autre défi à relever est de maintenir, tout en développant notre agriculture, une cohabitation harmonieuse entre agriculture et forêt, en vue de contribuer à l’atténuation des effets du changement climatique sur les activités agricoles et à la séquestration de carbone.

Enfin, l’on observe que les investissements aussi bien publics que privés, dans le secteur agricole et dans le développement rural, ne sont pas suffisants pour faire face au besoin en infrastructures, en énergie ou encore pour créer la valeur ajoutée et les emplois nécessaires pour retenir les jeunes qui désertent le monde rural pour aller dans les zones urbaines ou émigrer hors d’Afrique.
Face à ces défis, la Côte d’Ivoire, qui a une superficie de 322 000 Km2 et une population de 24 millions d’habitants, a entrepris des reformes importantes depuis 2012.
Ceci a permis à notre pays de réaliser des performances économiques remarquables au cours de ces 5 dernières années, avec un taux de croissance économique moyen de 9%, grâce notamment au dynamisme du secteur agricole. La production totale, toutes cultures confondues, est ainsi passée de 16 millions de tonnes en 2011 à 24 millions de tonnes en 2016.
Alassane Ouattara a érigé l’agriculture en pilier de la croissance ivoirienne en 2022.
Après un taux de croissance économique positif d’environ 2% en 2020 et 6,5% en 2021, la Côte d’Ivoire poursuivra cette dynamique en 2022 avec un taux de croissance projeté à environ 7%, a annoncé le président Alassane Ouattara lors de ses vœux le 31 décembre. Le projet de pôle agro-industriel ou agropole s’inscrit dans le cadre du Programme national d’investissement agricole de deuxième génération (PNIA 2) qui est adossé au PND 2021-2025.

Cette initiative vise à transformer le secteur agricole selon une approche innovante et à créer de la richesse pour une croissance forte, inclusive, durable.
L’objectif du projet est de contribuer à l’accroissement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle à travers une dynamisation des filières agricoles porteuses et une implication accrue du secteur privé, des jeunes et des femmes.

Bakayoko Youssouf

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