Au coup de sifflet final du match de l’élection du président de la Fédération ivoirienne de football (FIF), ce 23 avril, à Yamoussoukro, Yacine Idriss Diallo a triomphé (63 voix). Défaite pour Sory Diabaté qui a plié l’échine au second tour (61 voix). Echec et mat pour Didier Drogba, sorti du jeu lors du premier round (21 voix). En toile de fond, les enseignements à tirer pullulent.
Les dés pipés avant la campagne. Initialement prévu en 2020, le scrutin de la FIF s’est tenu deux ans plus tard suite aux différentes péripéties qui ont retardé l’échéance. Cette longue attente a servi de période de campagne supplémentaire avant la lettre pour les différents candidats. Officieusement, le moment était en effet favorable pour appâter et rallier le maximum de votants. Et ce, d’autant que la campagne officielle est limitée à deux semaines. Un timing manifestement insuffisant pour contrecarrer des opérations séductions entamées pour certains candidats depuis des années.
Préparer le terrain. A ce jeu de campagne avant l’heure, deux candidats ont tiré leurs épingles. Vieux briscards, rompus aux arcanes de l’écosystème pour avoir été vice-président responsable du Marketing à la FIF, Idriss Diallo et Sory Diabaté, vice-président du comité exécutif sortant ont tissé et réussi à étendre la toile de leurs clubs alliers. D’ores et déjà en odeur de sainteté avec des clubs qui leurs avaient fait allégeance alors qu’ils étaient en poste à la maison de verre, les deux candidats ont capitalisé les deux années de trêve afin de grossir les rangs de leurs électorats. Coqueluche des médias, plébiscité par l’opinion, la légende Didier Drogba a à priori failli à cet exercice de pêche aux électeurs en filigrane. Comme un symbole, il a à contrario enregistré des défections dans ses rangs, notamment Eugène Diomandé, président du Sewe Sports, son directeur de campagne, qui s’est rapproché du camp Sory Diabaté. Partie visible de l’iceberg, le buteur de Chelsea n’aura glané que 21 voix au premier tour, lanterne rouge, loin derrière ses adversaires.
Regards formalistes des clubs sur les programmes. Taillé sur mesure pour redorer le blason du football ivoirien, le programme de Didier Drogba, un cran au-dessus de ceux de ses opposants, s’est toutefois avéré insuffisant pour convaincre les 81 votants. En effet, bien plus que la qualité du projet ou du carnet d’adresse, l’élection de la FIF est tributaire des affinités, des relations entretenues entre les présidents de clubs et les candidats depuis des années. C’est un cercle fermé. Brandi comme un mantra par ses détracteurs pour démonter sa candidature, l’absence de proximité entre l’ancien serial buteur et la majorité de responsables des clubs ivoiriens aura in fine plombé son ambition de diriger le football ivoirien lors du prochain quadriennat.
Charles Assagba