220 Logements. C’est l’intitulé de la comédie musicale d’une heure 30 minutes, taillée sur mesure par Chantal Djédjé, pour retracer avec un zest d’humour, de subtilité et de musique, les grands pans de l’histoire politique ivoirienne de 1990 à 1999. Une représentation haute en couleur de cette fresque mise en scène par huit acteurs sous la houlette de Sow Souleymane, se tiendra, ce vendredi 21 janvier sur le coup de 19 heures à l’Institut français au Plateau. En prélude au spectacle, dont le ticket d’entrée est fixé à 5000 francs, une bribe d’aperçu visant à donner un avant-goût et à mettre l’opinion en appétit, a été représenté, ce 18 janvier à la Fabrique Culturelle aux II Plateaux à Cocody, au cours d’un déjeuner de presse.
Pendant une trentaine de minutes, des segments culte de la pièce ont été interprétés avec maestria en vue de donner le la. Notamment, les querelles de succession autour du défunt président Félix Houphouët-Boigny, l’euphorie populaire suite au putsch qui a renversé Henri Konan Bédié sans omettre la vague de xénophobie sur fond du concept de l’ivoirité. Cet aperçu grandeur nature théâtralisé dans un immeuble en miniature du quartier «220 logements d’Adjamé» avec un maquis au rez-de chaussée, a été marqué par des répliques originales jalonnées par des titres zouglou allant de pair avec les différentes situations socio-politiques. Le casting de la représentation est mixte. Avec en l’occurrence de grosses pointures du 7è art à l’instar de Vieux piment (Désiré Podé) et fonctionnaire (Sylvain Gbaka) qui ont le costume et les allures d’acteurs vedettes connues du grand public, aux côtés d’autres acteurs professionnels tout autant pétris de talents : Joli garçon (Eudes Pokou), Tonton Sami (Brou Samuel), Mado (Assofie Eba), Nestor (Daplé Jules), épouse de vieux piment (Goué Stéphanie) et Léo (Rébecca Compaoré).
«220 logements, c’est les premières cités des grandes concentrations d’habitations. C’était fait surtout pour les fonctionnaires, ce sont les premières accessions à la propriété et en fait dans ce microcosme, on retrouve toutes les populations : les étudiants, les ouvriers. Et comme on sait faire en Côte d’Ivoire, il y avait toujours un maquis et c’est dans ce maquis que tout se passe en général, toutes les conversations. Donc j’avais envie que quand les Ivoiriens entendent 220 logements, que ce soit évocateur. On aurait pu faire Sogefiha, etc. Voilà, ce sont des noms qui parlent tout de suite aux populations», a révélé Chantal Djédjé, responsable de l’idée originale et du texte, relativement aux raisons du choix de l’intitulé 225 logements.
La cheville ouvrière de ce rendez-vous a en outre placé cette représentation sous le sceau du processus de réconciliation nationale. «Pour qu’on parle de réconciliation, il faut qu’on regarde en face ce qui s’est passé. Si on ne regarde pas ensemble, ce sera du superficiel. Quand on le prend sur le ton de l’humour, avec le barman par exemple qui décide de la nationalité de tout le monde, on se rend compte de l’aberration dans laquelle on était arrivés», fait -elle noter.
Charles Assagba