Présidentielle 2025: Gbagbo a-t-il l’étoffe pour réunifier l’opposition ?

par nordsud.info
Publié: Dernière mise à jour le 91 vues

En appelant Laurent Gbagbo à fédérer l’opposition comme Henri Konan Bédié en 2010, Pascal Affi N’Guessan prend tout le monde à contre-pied. Lui qui fut l’un de ses plus farouches adversaires, ces dix dernières années, semble désormais lui tendre la main. Mais Gbagbo a-t-il encore l’étoffe pour jouer ce rôle ?

Dans une sortie samedi 01 février,Pascal Affi N’Guessan, président du Front Populaire Ivoirien (FPI), a exhorté Laurent Gbagbo à fédérer l’opposition en vue des échéances de 2025, à l’image de ce qu’avait réussi Henri Konan Bédié en 2010 avec le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Mais cette requête pose question, tant elle vient de l’un de ses plus farouches adversaires au sein de la gauche ivoirienne.Pendant cette décennie, Affi a été le principal obstacle à Laurent Gbagbo, menant contre lui une bataille frontale pour le contrôle du FPI, au point de provoquer une scission au sein du parti. Il l’a accusé de l’avoir torpillé sa candidature lors de la présidentielle de 2015, un scrutin marqué par sa débâcle historique où il n’a recueilli que 9 % des voix. L’ancien Premier ministre est donc en porte-à-faux en demandant aujourd’hui à Gbagbo de jouer un rôle qu’il s’est toujours employé à lui contester.

Un leader qui peine à faire l’unanimité à gauche

Si Affi N’Guessan cherche aujourd’hui à replacer Gbagbo en chef de l’opposition, c’est oublier que ce dernier a multiplié les ruptures au sein de la gauche ivoirienne, au point de diviser davantage son propre camp.Premier acte : la guerre fratricide avec Affi N’guessan lui-même. Depuis son retour en Côte d’Ivoire en 2021, Gbagbo a refusé tout rapprochement avec Affi, le taxant de de « pro-Ouattara » et de « collaborateur du pouvoir ». Leur rivalité pour le contrôle du FPI a été si violente qu’elle a conduit à l’émergence de deux partis distincts, enterrant les espoirs de réconciliation au sein du Front Populaire Ivoirien.Deuxième acte :la rupture brutale avec Simone Gbagbo. Ancienne première dame et figure historique du combat pour le multipartisme, Simone Ehivet Gbagbo a été copieusement ignorée par désormais son ex-mari à son retour de la Haye, qui n’a pas trouver, pour lui signifier son désir de divorcer, que la voie des médias.L’ancienne camarade de lutte en a tiré les conséquences politique et donc a préféré fonder son propre mouvement, le Mouvement des Générations Capables (MGC). Celui regroupe autour de lui une frange significative de l’opposition, dans une plateforme des mouvements et partis politiques de l’opposition, et pourrait devenir un bloc concurrent du PPACI.Troisième et dernier acte, l’éloignement de Charles Blé Goudé : autre fidèle lieutenant de l’ère Gbagbo, Blé Goudé, leader du COJEP, a pris ses distances avec l’ancien président, refusant d’intégrer le PPA-CI et contestant son autorité.À ces divisions internes s’ajoute l’absence d’un réel consensus autour de Laurent Gbagbo comme leader de l’opposition. Lui-même a récemment déclaré qu’il n’avait « pas vocation à réunifier la gauche », renvoyant chaque parti à ses propres stratégies. Avant de se raviser pour appeler à un rassemblement partis politiques dans une sorte de front tout sauf Ouattara.

Un leadership contesté dans une opposition fragmentée

L’appel d’Affi N’Guessan survient à un moment où plusieurs blocs de l’opposition tentent déjà de se structurer… mais sans Laurent Gbagbo.D’un côté, Simone Gbagbo et d’autres partis de gauche travaillent à l’émergence d’une nouvelle force politique indépendante du PPA-CI. De l’autre, des figures comme Jean-Louis Billon, au sein du PDCI, se contenteraient bien de relations prudentes avec l’ancien président, mais sceller une alliance formelle. En effet, le PDCI, désormais dirigé par Tidiane Thiam, semble hésitant quant à un rapprochement avec le camp Gbagbo, préférant maintenir une posture d’indépendance pour 2025. Enfin, d’autres figures de l’opposition, plutôt que de rejoindre Gbagbo, plaident pour un rapprochement avec le RHDP d’Alassane Ouattara. C’est le cas de la DIR, Démonstration des Ivoiriens Rassemblés, regroupant l’Alliance des Ivoiriens pour le Démocratie(AID), l’Union des Masses Populaires pour la Paix (UMPP)et La Mouvance pour la Paix (LMP). Aussi, le mouvement Démocratique et Valeurs, au sein du Front Populaire Ivoirien. Créé par Issiaka Sangaré, ancien secrétaire général du FPI, qui conteste la nouvelle orientation politique d’Affi N’guessan, et milite ouvertement pour une alliance avec le RHDP. Loin d’être un chef de file naturel, Laurent Gbagbo apparaît donc aujourd’hui comme un leader affaibli, isolé et incapable de rassembler. Ses propres choix politiques, ses ruptures répétées et son absence de consensus en feraientvisiblement un acteur diviseur plutôt qu’un facteur d’unité.

Armand BLEDOU

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