Laurent Gbagbo, depuis son retour au pays le jeudi 17 juin 2021 après son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI), a beaucoup parlé. Déjà le jour même de son arrivée, devant ses partisans à la Riviera. Ensuite le 27 juin dans son village natal de Mama, dans la région de Gagnoa. Et le 10 juillet dernier à Daoukro, chez Henri Konan Bédié. Mais jamais dans le sens de la réconciliation.
Et pourtant, quels signes, quels gestes forts d’apaisement Alassane Ouattara n’a t-il pas posés pour faciliter le retour de Laurent Gbagbo ?
Il aura fallu une seule réplique. Il aura suffi que le Directeur exécutif du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) fasse une seule sortie devant la presse le 12 juillet, pour qu’on entende çà et là des cris d’orfraie.
Et qui sont ces protestataires : les mêmes. Les auto-proclamés vigies de la réconciliation ou du dialogue national (c’est selon leurs humeurs). Ce sont des hommes politiques, somme toute respectables ; Comme Henri Konan Bédié, qui mue son Conseil national de transition (CNT) en «dialogue inclusif» ; comme Charles Konan Banny. Qui sort de son bois, agite son rapport sur la réconciliation à dessein pour…jeter un peu d’huile sur le feu. Ce sont des religieux, comme le cardinal Kutwa, qui se prend pour un Laurent Mosengwo sans en avoir l’étoffe et qui tourne les yeux ailleurs quand des pyromanes comme Laurent Gbagbo agitent les braises de la division. Ce sont des acteurs de la société civile qui jouent en permanence une fausse neutralité quand ils sont en réalité encartés dans des blocs.
Tous ces acteurs, à la vérité, font partie d’un bloc : Celui des anti-RHDP farouches, les nostalgiques du Tout-Sauf-Ouattara. Ils n’acceptent pas que la Côte d’Ivoire change. Et ils sont installés dans le complot permanent.
C’est à ce conglomérat que Adama Bictogo a parlé. Il a porté la voix du parti présidentiel. Et il n’est nullement désavoué par le président du RHDP. Parce que les propos de Laurent Gbagbo ont ravivé des souvenirs douloureux, des peurs et des haines. Ces propos ont heurté les victimes de la crise et l’ivoirien lambda qui court après la paix définitive dans son pays.
Depuis Laurent Gbagbo a baissé pavillon. Il souhaite même rencontrer Alassane Ouattara. Les fauteurs de haine comprennent là qu’ils n’ont pas le monopole des formules et des déclarations-chocs.
Adama Bictogo a fait œuvre utile avec ce recadrage en règle. Il a fait, qu’on le veuille ou pas, oeuvre de paix.
Depuis sa sortie, le pays a retrouvé un peu d’accalmie. Puisse cet état se renforcer après la rencontre du 27 juillet.
Bakayoko Youssouf
