Ouattara contre les putschistes

par NORDSUD
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Alassane Ouattara. Il n’est ni le président en exercice de l’ UEMOA ni celui de la CEDEAO.

Il est cependant, malgré lui, en première ligne. Depuis le coup d’Etat au Mali le 18 août 2020. Un putsch qui a ouvert une série en Afrique de l’Ouest pour toucher la Guinée le 5 septembre 2021,  le Burkina Faso le 23 janvier 2022 et depuis hier une tentative manqué de renversement des institutions en Guinée-Bissau.

La doctrine du Président ivoirien est connue : Tolérance zéro contre les coups d’Etat militaires et l’irruption de l’armée dans le champ politique. A tort ou à raison, nombre d’observateurs et une certaine opinion publique, la plus bruyante dans la sous-région notamment, ont fini par faire croire que les décisions de la CEDEAO contre la junte malienne sont notablement influencées par Alassane Ouattara.

C’est une position courageuse. Surtout face à des opinions publiques qui clament bruyamment la mise à mort de tous les régimes établis.

Pragmatisme et conviction. Une position qui s’explique. Alassane Ouattara est le seul chef d’Etat, parmi les quinze de la CEDEAO, dont le pays voit arriver, sur trois de ses cinq frontières, trois régimes militaires. Et ce, en moins de dix-huit mois. Il est donc normal, de ce simple fait, que le Président surveille un effet de propagation éventuel.

Aucun pays n’est à l’abri d’aucun cataclysme, d’aucune facétie de l’histoire. Certes.

Cependant. Compte tenu de notre histoire douloureuse, Alassane Ouattara travaille avec acharnement depuis 2011 pour que notre pays renoue avec la culture de République apaisée patiemment bâtie par Houphouët-Boigny de 1960 jusqu’à sa disparition en 1993. 

C’est justement après 1993 que le destin de notre pays a basculé dans le cauchemar. La violence s’est invitée dans le champ politique. Depuis, nous sommes passés par tous les états : Des révoltes populaires en 1990, un coup d’Eétat militaire en 1999, une crise électorale violente en 2000, une rébellion en 2002 et rien moins qu’une guerre civile en 2011.

Les plaies du passé. A partir de 2012, la Côte d’Ivoire a essuyé une quinzaine d’attaques de postes de police, de gendarmerie et de casernes militaires, aux frontières et à l’intérieur, pour déstabiliser les institutions. Des attaques commanditées par les exilés pro-Gbagbo d’une part et des bandes armées terroristes d’autre part.

En 2017, il y a un pic : Deux mutineries circonscrites, qui ont touché quelques grandes casernes de l’armée pour des revendications corporatistes. 

En octobre 2020, c’est le clou : une tentative ouverte de coup d’Etat orchestré par l’opposition significative conduite par Henri Konan Bédié, avec la mise en place d’un Conseil national de transition (CNT),  pour interrompre le processus électoral et renverser les institutions démocratiques.

Cette crise d’octobre 2020 est un indicateur : Malgré toute l’énergie de l’opposition, il n’y a pas eu de révolte populaire, ni de soulèvement de l’armée et encore moins un coup d’Etat.

L’armée, la police et la gendarmerie n’ont pas tiré un seul plomb sur les quelques manifestations localisées.

La présidentielle s’est tenue dans plus de 80% des circonscriptions électorales et Alassane Ouattara a consolidé sa légitimité en emportant plus de trois millions de suffrages.

Les Ivoiriens ont en mémoire tout ce passé. Et depuis, ils ont inscrit la paix et la stabilité du pays dans la priorité des priorités de leurs aspirations. Ils connaissent le prix de la paix.

Et cette aspiration profonde du peuple ivoirien, le président de la République en a pris toute la mesure.

C’est ce qui explique sa position radicale contre les coups d’Etat.

Et Alassane Ouattara travaille avec acharnement depuis 2011 pour stabiliser la Côte d’Ivoire de manière durable et même définitive.

C’est son but.

Pour y parvenir, il agit sur deux leviers : Remettre le pays au travail, produire de la richesse pour la redistribuer.

La prospérité partagée est un remède efficace contre l’instabilité.

Et construire un appareil sécuritaire performant.

Sur ce dernier chapitre, le Président s’est méthodiquement attaché à remettre notre armée sur pied. Faire d’une armée de factions, de bandes,  une armée unifiée, réformée et républicaine.

Nombre de commentateurs pointent la mauvaise gouvernance comme cause principale des coups d’Etat à répétition en Afrique de l’Ouest.

Ouattara donne l’exemple par une gouvernance volontariste et vertueuse.

C’est cette conviction qu’il nourrit pour toute notre sous-région ouest-africaine.

Au-delà des rodomontades populistes, des slogans panafricanistes, le développement a besoin de projections, de constance et de temps.

Trois coups d’Etat, au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. Et hier, une tentative de coup d’Etat manqué en Guinée-Bissau. Cela fait, en 50 ans, pour les quatre pays précités, un total d’environ 25 putschs. Réussis ou tentés. Cela fait en moyenne dans ces pays un coup d’Etat tous les deux ans.

Quel pays peut se développer quand l’histoire balbutie ainsi à intervalles réguliers ?

Alassane Ouattara a donc bien raison de sonner l’alerte rouge contre  les interruptions d’institutions démocratiques par la force.

Observons attentivement ce qui se passera au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et en Guinée-Bissau, dans les mois et les années qui viennent.

En tous les cas, ces secousses ouvrent pour l’Afrique un débat :

Celui de se choisir une voie vers le progrès.

La réponse ne sera pas simple.

Méité Sindou

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