Université de Cocody: Des filières privées dans l’institution publique

par NORDSUD
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Université Félix Houphouët Boigny de Cocody : Au sein de cette institution, qui est un établissement supérieur public ivoirien, coexiste des filières académiques dites « professionnelles ».  Ces filières sont quasi-similaires à des établissements privés au sein du campus Des filières au coût d’accès prohibitifs, environ un million de francs CFA à l’année, soit 30 fois plus cher que le tarif d’inscription requis pour les filières classiques (qui coûtent 30.000 Fcfa).

En conséquence de ces frais de scolarité élevés, les étudiants de ce pôle d’enseignement d’élite ont droit à un cadre d’apprentissage correspondant aux standards internationaux, à des curricula de formations taillés sur mesure pour le monde professionnel. Et ils sont ciblés par un lobbying qui facilite leur insertion sur le marché de l’emploi. Les spécialités concernées : Sciences Economiques, Mathématiques/Informatiques ou encore de Sciences de la terre et des ressources minières. Une université, deux régimes d’études et un critère de séparation : L’argent.

 Une situation intolérable pour les militants de l’université publique ouverte à tous. Et justifiée pour ceux qui soutiennent la professionnalisation des diplômes universitaires.  

Les enchères montent en faculté de sciences économiques.

Fixé à 30.000f, pour chacune des trois années académiques requises pour l’obtention de la licence (ndlr, soit 90.000f), les frais de scolarité en filières professionnelles de Sciences économiques avoisinent le million à l’année. « Ici on passe un test d’entrée avec le niveau bac. Quand tu réussis, tu paies d’abord l’inscription normale de 30.000f et ensuite nos frais de scolarité, qui s’élèvent à 800.000f pour les deux premières années. A partir de la 3è année, nous choisissons nos spécialités pour lesquels le tarif varie entre 900.000 et plus d’un million selon la filière choisie. Pour le master le prix augmente et varie également », confie Camille Kouassi, étudiante en seconde année de tronc commun des filières professionnelles de Sciences économiques et de gestion.  Une fois en 3è année, elle aura le choix entre : le Marketing, le management des organisations, Mstc (la comptabilité) et une spécialité en Banques. 

Idem en maths informatique

Un cas loin d’être isolé. En effet, à quelques encablures du bâtiment de Sciences économiques, le constat est le même à la faculté de Mathématiques Informatiques. ‘’Les simili-écoles privés au sein l’université publique qui ne disent pas leurs noms’’ font leur trou. Pendant que des dizaines de milliers d’étudiants suivent des formations normales jusqu’au doctorat, dans des conditions souvent difficiles, entassés dans les salles de cours, comme du bétail, d’autres bifurquent carrément vers ces écoles professionnelles qui se trouvent au sein du campus, avec un meilleur encadrement, des salles modernes, et surtout plus de chance de débouchés

Des formations pointues

 Joint par la rédaction de nord-sud, le président de l’association des élèves en actuariat (filière spécialisée) lève un coin de voile sur la formation qu’il suit. « Après le bac, j’ai passé avec succès le concours d’entrée dans la filière professionnelle ‘’Actuariat’’. Ensuite, j’ai déboursé 900.000f comme tarif de scolarité en licence 1, un coût qui augmente de 50.000f chaque année », précise Zalo Marc, étudiant en master 1. En effet, à l’entrée du département de Math/info, un tableau cristallise le sujet, il présente les deux types de filières qui s’offrent aux étudiants. Dans la partie filières professionnelles, il est mentionné « Méthodes informatiques appliquées à la gestion des entreprises, Technologie de l’information et multimédia, Réseaux informatiques et télécommunications, Informatiques et imagerie, Base de données et génies logiciel, Actuariat ». La partie réservée aux filières académiques contient « Sciences mathématiques et applications, sciences informatiques, sciences pour l’ingénieur en mécanique, Probabilités statistiques appliqués aux sciences du vivant ».

Les sciences de la terre n’échappent pas à la règle

Le même scénario en Sciences de la terre et des ressources minières (STRM). Un bâtiment situé à quelques mètres de l’UFR dispense également des formations dans un cadre diamétralement opposé à celui des filières académiques. Battant en brèche la dénomination de ‘’filières professionnelles ‘’, la secrétaire administrative du Centre Universitaire de Recherche et d’Application en Télédétection (ndlr, le nom de l’institut de formation de la filière professionnelle en STRM), estime qu’il s’agit d’une filière académique avec ‘’des besoins différents de ceux des autres filières’’. La cherté de la formation dispensée par le centre s’explique par le cout élevé du matériel requis pour la formation. « Notre centre accueille les étudiants à partir du master. La formation que nous procurons allie la théorie et la pratique, un tel enseignement nécessite de grands moyens en termes de logistiques. Nous avons besoin de plusieurs outils dont le coût ne peut être supporté par les 30.000f de l’inscription académique normal. Le tarif d’un million l’année est vraiment contraignant par rapport à nos besoins.  Mais on se serre les coudes pour maintenir le tarif de la formation à ce prix », expliquait Mme Adon, secrétaire du centre universitaire.

Un arbre qui cache la forêt, d’autant plus que, tous azimuts, la quasi-intégralité des responsables départementaux de l’université pointent des carences criardes de matériels pourtant indispensables à la bonne formation des étudiants.

Deux poids, deux mesures …

La messe semble dite, les étudiants qui ne déboursent que 30.000 f par année comme frais de scolarité suivent un ‘’cursus dit académique’’ pendant que leurs condisciples qui déboursent le million suivent un ‘’cursus dit professionnel’’. Bien plus qu’un jeu de mots, la différence entre ces deux types de formations se voit tant par la qualité de la formation que par l’impact sur le marché de l’emploi. Excepté le dénominateur commun ‘’ d’étudiants de l’université’’, les étudiants des filières professionnelles et ceux des filières académiques ne sont pas logés à la même enseigne pour ce qui est du contenu de leurs formations et de leurs conditions d’apprentissage. C’est du moins, l’avis des étudiants des filières classiques dites ‘’académiques’’ qui se sentent lésés et formés au rabais en raison précisément de leur statut économique.

« Si j’ai le choix entre une filière professionnelle et la filière classique que je fais actuellement je choisirais la première option. Il n’y a qu’à voir le cadre de formation et le matériel qui est mis à leur disposition.  J’ai un ami avec qui on a fait les années de licence ensemble avant qu’il n’aille faire son master en filière professionnelle au curat, il m’a avoué que ce n’est pas pareil. Les professeurs suivent mieux les étudiants, ils sont mieux formés et cerise sur le gâteau, ils font souvent du lobbying pour eux auprès des firmes pour qu’ils décrochent les stages et éventuellement des emplois. Nous qui avons moins de moyens, nous sommes livrés à nous même», confie Koné Salif, Etudiant en master 1 dans la faculté de SRTM.

Un deux poids, deux mesures qui se vérifie également dans les rangs des étudiants en sciences économiques.  Audrey Coulibaly, étudiante en licence 2 de Sciences économiques pointe également une formation à géométrie variable. « Vu qu’ils paient beaucoup plus cher que nous, on les forme beaucoup mieux que nous. Les conditions ne peuvent pas être les mêmes pour ceux qui paient 800.000f et nous qui payons 30.000f » souligne la jeune étudiante, mettant ainsi en exergue les fortunes diverses auxquelles s’exposent les étudiants de l’Université publique FHB en raison de leur statut social et ce, indépendamment de leurs capacités intellectuelles.

Un avis qui plante un décor fort de contraste et de nuances. De facto, lors d’une récente interview accordée au quotidien Fraternité Matin, le Ministre de l’enseignement supérieur certifiait que « le coût unitaire de formation d’un étudiant dans les universités publiques est de 882.480 Fcfa par an ».  Un gap, qui ressemble et explique le coût des formations dites professionnelles.

Quelle est donc la nature de ces établissements qui enseignent les filières professionnelles au sein de l’université ? Des écoles privées à part entière ou des extensions de l’université publique ? 

Les responsables des filières privées se justifient …

Joints par la rédaction de Nord Sud, les responsables desdites filières se sont voulues claires. Notamment en Sciences économiques. « Au cours de l’année académique 1986-1987, la première filière professionnelle de Sciences Economique, a vu le jour. C’était la maitrise des sciences techniques comptables et financières (Mstcf). L’objectif était de mettre une main d’œuvre qualifiée et opérationnelle à la disposition des entreprises, vu qu’à l’époque les diplômés des filières académiques n’étaient pas réellement opérationnels pour l’entreprise. Les années qui ont suivi, d’autres filières ont été ajoutées au rang des filières professionnelles. La dernière en date est celle de Master de Banque, introduit 2018. Les initiatives de création des filières viennent d’une analyse de la situation et de certains partenariats. La formation de banques, par exemple, a été proposée par l’Association des professionnels de banques et établissements financiers. Ils ont estimé que les diplômés du BTS, parmi lesquels, ils puisaient l’essentiel de la main d’œuvre étaient sous-qualifiés. Du coup, ils nous ont contactés pour créer une filière qui répond mieux aux attentes de leur secteur d’activité», explique Kouassi Assouan, secrétaire administratif des filières professionnalisées de Sciences économiques.

Grandes écoles

Avant de poursuivre : « Certains professeurs du département de Sciences Economiques qui enseignent dans d’autres établissements à l’étranger et qui y trouvent des filières pourvoyeuses d’emplois essaient de nouer des partenariats pour créer la filière ici à Abidjan. Dans la foulée, tout un processus est mis en place par l’université pour adouber l’initiative. Nos diplômes sont donc signés par l’Université. Nous reversons 20% de notre chiffre d’affaires à l’entité. Dans l’effectif de nos enseignants, il y a des professeurs, des magistrats, des experts comptables, nos effectifs sont réduits etc… ». Puis, notre interlocuteur ajoute : « Nous fonctionnons comme des grandes écoles, mais nous sommes sous tutelle de l’université ».

Pour lui, le titre ‘’filière professionnelle’’ n’est pas fortuit, c’est tout un système qui est mis en place pour que l’étudiant bénéficie d’un stage avant chaque diplôme et qu’il soit prêt pour le monde de l’emploi.

Vieilles de plus d’une décennie, les filières professionnelles au département de Mathématiques/Informatiques, relèvent d’une volonté exclusive de former des informaticiens. La spécialité informatique du département est donc la chasse gardée des ‘’simili-écoles privées’’. « Les filières professionnelles existent depuis 1998.  Elles ont été créées pour former des informaticiens. Les enseignants de l’UFR sont les porteurs de l’initiative, ils sont également les seuls qui procurent la formation pour le compte du département. A vrai dire, ces filières sont gérées par l’administration de l’université, les responsabilités ont juste été déléguées à des enseignants. Nos filières professionnelles appartiennent donc à l’université, nos diplômes sont par conséquent signés par l’entité. », confie Alfred Ouanyou, Informaticien de l’UFR de Math/Info. Certains étudiants du département, nous confierons que certaines formations professionnelles ont été introduites, il y a de cela quelques années et qu’elles sont gérées par des doyens de la faculté. Par ailleurs, nos informateurs indiquent qu’en plus du sceau de l’université, leurs diplômes sont également estampillés des universités partenaires, généralement localisées dans l’hexagone.

A rebrousse-poil de ces explications, la secrétaire du Centre Universitaire de Recherche et d’Application en Télédétection (CURAT) reste droite dans ses bottes relativement à l’appellation ‘’filières professionnelles’’.

«Nous allions théorie et pratique. Notre filière figure parmi les filières de SRTM, mais nos besoins sont spécifiques et requièrent des appareils de haute pointe, une connexion internet, un ordinateur ultra-performant… Ces nécessités ne peuvent être supportés par le tarif habituel d’inscription. Du coup, notre centre n’est pas vraiment une filière professionnelle, c’est juste une filière dont les spécificités demandent beaucoup plus que les autres filières. Nous avons donc créé un centre dédié mais qui est sous tutelle du département de SRTM, et donc, une filière académique de L’université Félix Houphouët Boigny. Nous ne sommes pas une filière professionnelle, nos diplômes sont signés par l’université. L’initiative vient des enseignants qui ont compris que cette spécialité ne peut se faire dans le même cadre que les autres filières au vu de ses spécificités. », martèle la Secrétaire du Centre Universitaire de recherche en télédétection. 

Les enseignants montent au créneau…et contestent : Du business au détriment de l’état.

Le corps enseignant a une lecture différente de la situation. Pour le Professeur Johnson Kouassi Zamina, secrétaire général de la Coordination nationale des enseignants et chercheurs de Côte d’Ivoire (Cnec), le point de démarcation entre les ‘’filières professionnelles et les ‘’ Universités privés’’ est poreux.  « C’est du privé dans le public. Les filières professionnelles n’ont pas leurs places au sein de l’Université publique, c’est anormal ! Ce sont des Universités privées qui ne disent pas leurs noms. Malheureusement, la signature des diplômes issus de ces filières professionnelles émane du président de l’Université », martèle-t-il.

La figure syndicale des enseignants de l’Université estime, par ailleurs, que « des arrangements internes » méconnus de l’Etat ont été scellés entre l’université et les fondateurs des filières professionnelles. « Auparavant, l’un des anciens présidents de l’Université se plaignait de ce que ces filières ne versaient aucun émolument alors qu’ils utilisent les locaux, et tout le dispositif de l’université gratuitement. Mais les choses ont évolué entre-temps. Toutefois, tel que je connais le fonctionnement de l’Université, je ne crois pas que l’état perçoive un centime sur cet arrangement interne. Pis, ça m’étonnerait que l’Etat soit au parfum de l’existence de ces filières. Les gens se cachent derrière l’université pour faire du business au détriment de l’état. Ça pose un problème de déontologie, de morale et d’éthique pour les professeurs qui enseignent dans les deux types filières dans la même université », assène-t-il.

Pour lui, l’État ne doit pas accepter que ces locaux servent à cet effet. Si les filières professionnelles ont un coût quasi-similaire à la subvention que l’état verse pour chaque étudiant en filières académiques, selon lui, alors, il faut vulgariser ces filières pour permettre que tous les étudiants reçoivent une si bonne formation.

Malgré tout, le constat est implacable : Ces filières s’étendent chaque jour davantage, au point de craindre une privatisation de l’université publique.

Le vice-président de l’université éclaire les zones d’ombre …

Pour comprendre le véritable statut de ces établissements au sein du campus, nous avons approché la présidence de l’université de Cocody. Prof. Affian Kouadio, vice-président en charge de l’enseignement, de la pédagogie et de la vie universitaire, place ces ‘‘écoles’’ au même niveau que les filières académiques de l’Université Félix Houphouët Boigny de Cocody (UFHB). Sauf que leur création est le fruit des propositions de certains acteurs du campus (en général, des enseignants). « Pour la mise en place de ces filières, un comité scientifique coopté par l’UFHB se réunit pour jauger de la viabilité du projet de création de la filière. Naturellement, une filière qui passe avec succès ces étapes fait partie intégrante des filières de L’UFHB », explique Prof. Affian Kouadio. Selon lui, dès lors que le projet est adopté, la filière professionnelle proposée devient alors, une filière de l’université. « Le diplôme qui sanctionne le parcours dans les filières professionnelles est donc reconnu par l’Université et intitulé du nom de la filière suivie », ajoute-t-il.

La différence de coût et d’opportunités pour les étudiants qui viennent s’inscrire dans ces filières par rapport à leurs camarades ? D’après Prof. Affian Kouadio, il s’agit simplement d’un modèle économique. Et l’argent que les étudiants payent sert à payer les enseignants, le matériel pédagogique, etc. « Ce système n’enrichit personne, ce n’est pas un business ; ce qu’il faut regarder, c’est l’efficacité externe de ces diplômes. Le taux d’insertion professionnelle, c’est 90-99% », fait-il savoir. Toutefois, comme l’ont signalé les étudiants plus haut, les frais de scolarité au niveau de ces formations professionnelles ne s’acquittent pas à la scolarité de l’UFHB, mais au sein même desdites écoles. Ces filières ont des liens avec des entreprises privées qui engagent des étudiants au moins pour un stage, dès qu’ils finissent leur formation.

Universités publiques : Fabriques de chômeurs ?

S’agissant du contenu didactique, selon notre interlocuteur, la plupart de ceux qui dispensent les cours dans les filières professionnelles ne sont pas des enseignants de l’université. « Ce sont des directeurs d’entreprises, des personnalités professionnels de haut rang que nous mobilisons. Les honoraires que nous leur versons sont donc conséquents et distincts de ceux de l’Université », souligne Prof. Affian Kouadio. Mais, des enseignants de l’université enseignent bien aussi dans ces filières. « Il ne faut pas que les gens continuent de chanter ‘’ à l’université, on forme des chômeurs ‘’. Nous avons réfléchi pour trouver des filières à partir desquels on peut trouver facilement du travail et être compétitif sur le marché international », explique-t-il. C’est un devoir pour le campus, à l’entendre.

Si ce système ne touche pour le moment que quelques filières, l’université a bien l’intention de l’étendre. « Il serait difficile d’appliquer ce système à toutes les filières académiques et de trouver des stages à leurs étudiants d’autant plus que les effectifs sont bien plus nombreux. De fait, les pays les plus développés dans l’utilisation du système LMD ont également des formations d’élite, de pointe dans des domaines particuliers. Tout ce que nous faisons, c’est de travailler à l’efficacité externe de notre structure (…) Nous allons étendre ces initiatives à certains départements comme les lettres et les arts », note le vice-président en charge de l’enseignement, de la pédagogie et de la vie universitaire.

S’il refuse de voir ces filières professionnelles comme des établissements privés, cela reste une bonne affaire pour les étudiants, les enseignants et pour l’université.

La pilule ne passe pas chez le Ministre de l’enseignement supérieur

Cette bifurcation vers des pôles de formations de l’Université Félix Houphouët Boigny, qui ouvre les meilleures formations aux plus aisés et les qualifications classiques aux étudiants issus des milieux modestes, n’est pas du goût du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. La vision du prof. Adama Diawara est claire : Cette situation est anormale, selon le ministre de tutelle. Des sources proches du ministre indiquent par ailleurs qu’il a sommé les responsables de l’UFHB, d’ici la rentrée, de lui transmettre une explication écrite sur le phénomène.

Il attend surtout des clarifications sur la transparence dans la gestion financière de ces filières au profit de l’université publique. La tutelle s’est clairement positionnée au-dessus de la mêlée. Le ministre travaille d’arrache-pied sur une réforme globale des curricula didactiques et de l’écosystème de l’enseignement supérieur ivoirien.

Charles Assagba

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