49-3 soldats ivoiriens au Mali: Bamako confirme la prise d’otage

par NORDSUD
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Cela avait été dit officieusement lors des pourpalers à Lomé. La junte malienne vient de confirmer officiellement que les 49 soldats -3 arrêtés le 10 juillet 2022 à l’aéroport de Bamako sont bien des otages.

Selon plusieurs sources, lors des négociations le 28 juillet à Lomé, sous les auspices du Président Faure Gnassingbé, Bamako avait tenté de conditionner la libération des soldats ivoiriens à l’extradition de personnalités politiques maliennes actuellement réfugiées en Côte d’Ivoire et poursuivies pour des détournements de fonds militaires présumés, sous le régime déchu du président Ibrahim Boubacar Keïta dit « IBK » (2013-2020).

La Côte d’Ivoire est donc en droit de considérer que ses 46 soldats détenus au Mali depuis deux mois sont des « otages », après des déclarations de la junte au pouvoir à Bamako conditionnant leur libération à l’extradition de personnalités politiques maliennes vivant à Abidjan. « C’est une prise d’otage qui ne restera pas sans conséquence. Notre position est claire : ce marché est inacceptable », a affirmé à l’AFP, dimanche 11 septembre, une source proche de la présidence ivoirienne. « Nous privilégions toujours la solution diplomatique. Il faut éviter la politique du pire », a toutefois ajouté cette source, qui espère que la junte malienne « reviendra sur sa position ».

Lire également: Mali: Assimi Goïta fait du terrorisme d’Etat

Le vendredi 9 septembre 2022, le chef de la junte au pouvoir à Bamako, le colonel Assimi Goïta, a parlé de nécessaire « contrepartie », confirmant des informations selon lesquelles l’extradition de personnalités maliennes faisait partie de la discussion sur le sort des soldats ivoiriens.

Au « moment où la Côte d’Ivoire demande la libération de ses soldats, [elle] continue de servir d’asile politique pour certaines personnalités maliennes faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux émis par la justice », a dit le colonel Goïta. « Ces mêmes personnalités bénéficient de la protection de la Côte d’Ivoire pour déstabiliser le Mali », a-t-il insisté. Il fait notamment allusion à Karim Keïta, le fils de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par les colonels en 2020, et à Tiéman Hubert Coulibaly, ministre de la défense et des affaires étrangères sous M. Keïta.

Un sommet extraordinaire de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) doit se tenir la semaine prochaine à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, et devrait évoquer le sujet, selon cette même source. « Si d’ici là rien ne se règle par la voie diplomatique, la Cedeao sera bien obligée de prendre des sanctions », prédit-elle.

Le 10 juillet, 49 soldats ivoiriens avaient été arrêtés au Mali, qualifiés de « mercenaires », puis inculpés mi-août de « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat » et formellement écroués. Abidjan assure que ces soldats étaient en mission pour l’ONU dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la mission des Nations unies au Mali, la Minusma, et exige leur libération.

Le cas des 49 soldats a notamment été évoqué lors de la visite du dirigeant sénégalais Macky Sall, lundi 15 août à Bamako, au cours de laquelle le président en exercice de l’Union africaine (UA) a rencontré le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta. Le Mali, a-t-il assuré, est prêt « à poursuivre le dialogue pour un dénouement heureux de cette situation ». Une bonne volonté qui ne s’est pas vraiment manifestée jusque-là.

Le 3 septembre, les trois femmes soldats sur les 49 avaient été libérées. « Un geste humanitaire » du Mali qualifié alors de « bon signe » par Abidjan.

La libération a été accompagnée d’une conférence de presse à Lomé, où ont été remises les trois soldates, en présence du ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey et de son homologue malien Abdoulaye Diop.

Le Togo a endossé le rôle de médiateur dans cette affaire des 49 soldats. « Je voudrais vous annoncer que le président de la transition (…) du Mali Assimi Goïta a accepté (…) de procéder à la libération de certains prisonniers » a déclaré lors de cette conférence le ministre togolais des Affaires étrangères.

Le ministre directeur de cabinet à la présidence ivoirienne Fidèle Sarassoro était aussi présent et a déploré « que des manquements et des incompréhensions aient été à l’origine de cet événement fortement regrettable. »

Bakayoko Youssouf

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