Enlèvements : Le cas Ehouman Christine

par NORDSUD
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L’affaire qui a défrayé la chronique en Côte d’Ivoire, c’est le cas de Dame Ehouman Christine, qui affirme dans une vidéo avoir été enlevée à Yopougon, puis conduite dans une forêt en compagnie de trois autres femmes. Des kidnappeurs auraient tenté des pratiques rituels sur elles. Elle n’a eu la vie sauve que parce qu’elle avait déjà enfanté. Si son histoire est pleine d’incohérences, la disparition de Christine Ehouman avait cependant été signalée avant qu’elle ne soit retrouvée. Sur l’affiche qui circulait sur les réseaux sociaux, on pouvait y lire, «demande à toute personne de contacter ces numéros suivants : 07 58 41 36 96 ; 07 07 78 56 29 ; 07 08 93 00 21, au cas où la dame serait retrouvée». Eh bien, nous avons appelé les numéros en question. Toutes les personnes qui ont été jointes ont affirmé n’avoir aucun lien avec la dénommée Ehouman Christine. Après avoir été retrouvée, la police a publié un communiqué appelant la population à la prudence, parce qu’elle n’a pas réussi à établir que les faits rapportés par la femme étaient véridiques.

Commandement supérieur

Par ailleurs, la police informe qu’elle a déjà été confrontée à des cas de présumés enlèvements qui se sont avérés être des mises en scène. La gendarmerie de Djébonoua qui a entendu Christine Ehouman, a-t-elle enquêté sur l’affaire ? Selon un officier au commandement supérieur, la gendarmerie a transmis l’affaire à la police, bien avant que le communiqué de la police ne soit publié. Ce qui signifie que les hommes de Youssouf Kouyaté s’étaient déjà fait leur propre idée sur l’affaire Ehouman, avant de produire un communiqué. En réalité, il n’y avait pas le moindre élément, depuis le soi-disant véhicule emprunté par Dame Ehouman Christine, jusqu’à la forêt décrite par la dame dans son récit, susceptible de crédibiliser ses propos. En clair, les limiers ne savaient pas quoi chercher, ni où chercher.

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Chez Ehouman Christine

Afin d’écouter Ehouman Christine, Nord Sud  s’est rendu à son domicile, ce mercredi 16 février à Yopougon Sotrapim. Son salon de beauté, avec une porte vitrée, «Bienvenue à», longe quasiment le mur de son domicile. Ici, toutes les personnes (voisins et passants), préfèrent rester prudentes sur cette affaire. «Ah, la femme qui a été enlevée sur Internet ?», demandent en substance les gens que nous questionnons. Le voisin direct de Ehouman Christine à qui nous avons demandé des renseignements (avant de retrouver le domicile) a préféré trouver une excuse : «je suis nouveau dans le quartier». Après maintes tentatives, c’est finalement un gérant de photocopieuse qui nous désigne les lieux. Nous frappons à une porte mauve, légèrement entrebâillée. Une jeune fille sort s’enquérir, ensuite elle rentre pour appeler une femme. Après les présentations, cette dernière indique que Christine n’est pas là. «Je ne l’ai pas revue depuis que cette affaire a commencé. En fait, elle n’est pas revenue à la maison». Où est-elle ? D’après notre interlocutrice, assez méfiante, personne ne le sait. Elle refuse que nous entrions. Elle refuse de se présenter. Elle refuse de nous laisser un numéro de téléphone. Ce qu’elle pense des réactions des autorités qui mettent en doute le récit de Christine ? La dame se contente de hausser les épaules avec indifférence.

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Sotrapim

Pour respecter son intimité, nous préférons ne pas insister. Mais après une enquête de voisinage, nous apprenons que Christine est partie vivre quelque part dans Cocody. Un lieu où elle préfère rester cachée. Gogan Kouamé, président des résidents de la cité Sotrapim que nous rencontrons, est très circonspect vis-à-vis de l’affaire Ehouman Christine.  Lui et Christine sont quasiment des voisins, mais il préfère garder ses distances. «Je voyais la dame Ehouman, mais on ne se côtoyait pas, en vérité. C’est une information que nous avons tous lue sur les réseaux sociaux. Il m’était difficile de m’appuyer là-dessus pour demander une réunion du quartier, ou même d’aller chez elle pour des compassions. Il faut faire attention à tout ce qu’on voit sur les réseaux sociaux et éviter de créer une psychose inutilement», fait-il savoir.

Bref, à Sotrapim, l’affaire Ehouman Christine, n’émeut personne. A-t-elle menti, selon la population ? La plupart des personnes que nous avons interrogées estiment que son récit est assez rocambolesque pour être vrai.

Raphaël Tanoh

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