Tourisme: Les 7 merveilles de Sassandra en ruine

par NORDSUD
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Située sur le bord du Golfe de Guinée à l’embouchure du fleuve, la ville de Sassandra, dans la région du Gbôklè, ressemble aujourd’hui à un joyau oublié. Forte de plus de 100.000 habitants, la commune tourne au ralenti. Mais, les travaux de la côtière, qui reste l’une des routes les plus dégradées, redonnent espoir à la population.

Bâtie sur un terrain accidenté, presque sur une pente, Sassandra aurait pu être classée au patrimoine culturel de l’Unesco. «Mais ce n’est pas le cas, parce que l’héritage de la colonisation qui s’y trouve n’a pas été préservé», déplore Nangui Yesso, enseignant de français dans le seul lycée public de la ville, depuis maintenant 20 ans.

Parmi les vestiges de Sassandra, il y a bien sûr la grotte des esclaves que nous visitons ce samedi 5 mars 2022. Elle se situe dans le village de Bassa, à 12 km de la ville, derrière ce qui était la maison d’Emile Schiffer, industriel français au début du XXe siècle. Cachée en partie par la végétation, la grotte est difficile à trouver, parce qu’il faut la deviner sous l’espèce de préau situé derrière la bâtisse de Schiffer. C’est une entrée voûtée, à gauche. La charpente en état de délabrement menace à tout moment de s’effondrer. Haute de plus de deux mètres et longue d’une quinzaine de mètres, la grotte en pierre est un cul-de-sac.

La grotte aux esclaves

Du XVIIe au début du XIXe siècle, Bassa était l’un des points de départ des esclaves vers les Etats-Unis et le Brésil. Vendus aux Européens, les ancêtres de Nangui Yesso étaient capturés très souvent à l’insu des villageois. «On les capturait la nuit, on les mettait dans la grotte, puis par un tunnel qui aboutit à la mer, ils montaient dans des bateaux», explique-t-il. Mais dans la grotte, la sortie qui mène au fameux tunnel a été bouchée. Ce n’est que dans les années 2000 que l’existence de la grotte a été révélée.  Hélas, ce témoin de l’histoire est en train de passer aux oubliettes.

À côté, se trouve une source d’eau, qui coule à travers le bout d’un vieux tuyau, que les colons avaient confectionné, pour recueillir le liquide. «C’est une eau qui coule depuis toujours. Les colons sont venus la trouver ici. Les villageois pensent qu’elle est là depuis des millénaires et qu’elle est mystérieuse. Parce que l’eau coule 24 h/24, mais le sol n’est pas très mouillé. On ignore d’où vient cette eau et où elle va», ajoute notre guide.

12 plages

Plus loin, à plus de 150 mètres, se trouvent la mer et les murmures incessants de ses vagues. Bordant la plage, la végétation cache une petite cavité, presque bouchée par le sable. C’est la sortie du tunnel des esclaves. C’est par là que les esclaves sortaient, depuis la grotte, pour être conduits vers les bateaux. «Si on ne l’entretient pas, cette cavité va finir par disparaître sous le sable», prévient M. Nangui.

En jetant un œil à la mer agitée, on tombe sur une énorme pierre qui ressemble à une tortue. Elle est appelée «pierre tortue», un autre paysage mystérieux de la ville.

Sassandra regorge de 12 plages, et surtout de nombreux vestiges de l’histoire du pays, comme le premier collège de la Côte d’Ivoire, qui était à l’époque le collège d’enseignement général. Il a besoin d’une petite réhabilitation. Le siège de la Banque internationale de l’Afrique de l’ouest (Biao), avec son style colonial, tombe lui aussi en ruine. Sans oublier, le palais du gouverneur, construit à la toute fin du XIXe siècle.

L’île aux hippopotames

 Le détachement du ministère du Tourisme et des Loisirs, qui se trouve dans la ville, avait tenté de redonner quelques couleurs à la ville. Mais, selon les habitants, le décès du directeur de l’agence de Sassandra a éteint cette petite étincelle.

L’île aux hippopotames, par exemple, n’est plus très visitée à cause de l’état de la route. Il faut remonter le fleuve à partir de l’embouchure, pour y accéder, par la pirogue. «C’était le lieu de prédilection des touristes. Mais depuis des décennies, ils ne viennent plus ici, parce que Sassandra est difficile d’accès», souligne Isac Grah, fils de la région. 

 Le pont avec virage ou pont général Weygand, au niveau de Gahourou, à 14 km de Sassandra, est encore solide. Toutefois, il aura besoin d’une couche de fraîcheur, avec ses garde-fous qui tombent par endroits.  

En 2019, lors d’une visite dans la région, Maurice Bandaman, alors ministre de la Culture, avait promis de redonner à la ville son lustre d’antan. «Depuis, nous attendons, parce qu’il y a de nombreux bâtiments coloniaux qui doivent être réhabilités», fait savoir Nangui Yesso. Sassandra, une ville aux allures de carte postale. Mais elle reste enclavée…

Vivement que les travaux de la côtière s’achèvent.

Raphaël Tanoh, envoyé spécial

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